Les tracts

Une première : un ministre contre ses agents

Lundi 17 janvier, c'étaient les internes des hôpitaux publics, mardi 18 janvier, les postiers, le mercredi 19 janvier, c'était la SNCF, et jeudi 20 janvier la fonction publique.

Selon le ministre de la Fonction publique, Renaud Dutreil, "on pourrait presque faire de cette semaine un symbole de cette maladie chronique de notre pays, la guerre des deux France, celle du public contre celle du privé". Le ministre de la fonction publique se trompe en voulant prendre à témoin les usagers des services publics en les dressant contre les agents dont il a la charge et dont il devait se faire le défenseur et non le procureur. C'est oublier que le mouvement est largement en phase avec les préoccupations des usagers. Il vise, au-delà des problèmes salariaux, le droit pour tous d'accéder à de véritables services collectifs, partout, sur tout le territoire, à la campagne comme dans les quartiers des villes, dans des conditions d'égalité. Un point de vue confirmé par un sondage selon lequel 65 % des personnes interrogées seraient favorables aux grèves de cette semaine, tandis que 75 % se disent prêtes à manifester pour la défense du pouvoir d'achat.

En effet, les organisations syndicales et les associations de consommateurs dénoncent à l'unisson la hausse des prix des produits de consommation courante. Nicolas Sarkozy, lorsqu'il était ministre des Finances, l'avait reconnu en tentant d'obtenir des accords de baisse entre la grande distribution et ses fournisseurs, sans obtenir les résultats espérés. Ce mécontentement général concernant le pouvoir d'achat rend la situation sociale périlleuse, car il ouvre la porte à tous les extrémismes et nul ne sait ce qu'il pourrait advenir d'un embrasement généralisé.

Par ailleurs, certaines organisations syndicales ayant des arrière-pensées, la perspective du débat sur le référendum de ratification de la Constitution européenne risque de brouiller le contenu des revendications syndicales et leurs motivations.