Les tracts
Le traitement « subliminal »
du dossier retraites
Yves MISSAIRE – Secrétaire général de la FGF CFTC.
Alors que les groupes de travail « fonction publique » se succèdent rapidement, on peut déjà tirer un bilan de la méthode employée par le gouvernement pour traiter le dossier retraites.
Dans sa conduite de la réforme, le gouvernement avait deux choix, celui de mettre, d'entrée, sur la table les mesures qu'il compte prendre ou bien celui de jouer avec un calendrier d'annonce. En choisissant la première méthode il pouvait privilégier - ou non - un schéma modeste qui consisterait à prendre
sur le champ des mesures dans la seule fonction publique, renvoyant à une autre étape des dispositions englobant à la fois le privé et le public. Le Premier ministre a choisi la technique du calendrier en annonçant au Conseil économique et social début février qu'en avril il dévoilerait ses intentions, consulterait ensuite et arrêterait en mai le projet de loi à soumettre au Parlement.
Reste à déterminer l'annonce d'avril. S'agira-t-il de principes généraux ou de mesures concrètes ? Pour l'heure, les objectifs sont très généraux, en forme de catalogue de voeux pieux. Y sont notamment affirmés le « choix de la répartition », mais sans exclure un complément par capitalisation, l'objectif d'un « haut niveau de retraite », sans le chiffrer, la volonté de « tendre » vers l'égalité de traitement entre tous les cotisants, sans plus de précisions, etc. La seule concession explicite aux efforts à fournir pour garantir le financement des retraites est une formule alambiquée sur la nécessité de « préserver les équilibres entre générations » et « la compétitivité des entreprises dans le réglage des différents paramètres dont ceux de la durée et du niveau des cotisations ». En réalité, c'est moins par cette concertation en trompe l'oeil que par les réactions que suscitent leurs déclarations précautionneuses et les demi-aveux publics que les ministres concernés testent la réceptivité de leurs interlocuteurs aux mesures envisagées
Le gouvernement révèle par touches successives, quasi subliminales, avec des interventions millimétrées, ses projets. Le programme des groupes de travail servant à distiller, à doses homéopathiques le contenu de la réforme à venir.
Ainsi, le gouvernement souhaite que le jour de l'annonce, fin avril ou début mai, tout soit déjà clair sur les solutions retenues, alors que les ministres concernés annoncent, contre toute évidence, que rien n'est décidé.
Que devient le dialogue social dans tout ceci ?
Le gouvernement aurait tort de vouloir, par facilité et habitude (voir la mise en œuvre de la décentralisation), contourner le dialogue social. C'est le sens de la mobilisation de la CFTC fonction publique le 3 avril. Nous avons indiqué au gouvernement que nous ne sommes pas dupes sur la méthode utilisée et nous la condamnons.
Nous attendons le retour à la politique contractuelle avec les organisations syndicales prêtent à la pratiquer. Sinon l'exaspération gagnera tout le monde et nul ne sait ce qui pourrait se passer. Une négociation salariale s'annonce urgente
Enfin, il faut aussi se rendre à l'évidence, tous les syndicats n'ont pas la même approche du dialogue social et ne sont pas prêts à déboucher sur des accords qui reviendraient à accepter un partage de la responsabilité. Ces organisations portent elles aussi une lourde responsabilité dans la régression actuelle du dialogue social. |