Points de vue sur l'actualité

Adoptons une vision au long cours

La CFTC en a assez des mesures de court terme, prises au coup par coup, et qui ne consistent qu'à colmater les brèches.

S'il est une attitude que nous ne pouvons accepter à la CFTC, c'est bien le fatalisme. Ainsi, faute de vouloir s'attaquer aux véritables causes du chômage (désindustrialisation, dumping social, accords commerciaux inégalitaires...), - ce qui obligerait nos gouvernants à rompre avec le système économique qui s'est progressivement mis en place en France et dans le monde depuis une trentaine d'années -, ces derniers s'obstinent à agir sur ses conséquences. Le chômage augmente et représente un coût "insupportable" pour la collectivité ? Qu'à cela ne tienne : pour y remédier, le ministre du Travail propose aux partenaires sociaux de rouvrir des négociations afin de réintroduire la dégressivité des allocations, au motif que c'est le meilleur moyen d'inciter à la reprise du travail. Aucun chiffre ne vient corroborer cette analyse ; en revanche, les statistiques montrent une diminution des indemnités perçues par les demandeurs d'emploi. Autre mesure proposée par le gouvernement : la diminution des indemnités journalières perçues par les salariés en arrêt maladie, pour réduire le déficit de la Sécurité sociale. Là encore, au lieu de s'attaquer à la racine du mal - l'augmentation des arrêts maladie très largement due à la dégradation des conditions de travail dans les entreprises et au stress - on cherche à réaliser des économies sur le dos des travailleurs. On l'aura compris : l'objectif de ces mesures est d'abord de réduire les coûts et non d'améliorer la situation des salariés. Il n'y aurait donc pas d'autre solution pour sortir de la crise que de se serrer la ceinture. La CFTC en a assez des mesures de court terme, prises au coup par coup, et qui ne consistent qu'à colmater les brèches. Car, des solutions alternatives existent ; ce dont souffrent les salariés, c'est du manque de cohérence des politiques économiques et sociales, et de l'absence de continuité du dialogue social. D'où ses propositions pour relancer l'économie - notamment en lançant un grand emprunt européen et en créant des euro-obligations destinées à l'investissement - et le dialogue social, en créant sans tarder un Comité paritaire permanent du dialogue social afin d'envisager les problèmes en amont et dans leur globalité.