Points de vue sur l'actualitéNotre monde marche la tête à l'enversLa création de richesse est devenue une fin en soi : cela alimente la spéculation et le consumérisme. Depuis 2008, nous répétons que la crise, avant d'être financière et économique, fut d'abord politique et qu'elle le demeure. Personne ne voulait jusqu'à présent l'entendre. C'est, pourtant, parce que les politiques, dès le milieu des années 1970, ont démissionné face aux marchés que nous sommes entrés dans une période d'instabilité économique aux conséquences sociales dommageables pour les salariés et leur famille. Or, en cette fin de semaine, avec le énième rebondissement de la crise grecque, la plupart des commentateurs le reconnaissent. Dans sa dimension économique et financière, cette crise se décline de plusieurs façons : crise de la dette souveraine, crise bancaire, crise de l'euro... La stratégie adoptée par les États pour lutter contre les manifestations de cette crise globale consiste à traiter les symptômes un par un. Or, quand on colmate d'un côté, une brèche s'ouvre de l'autre et ainsi de suite. Il faut traiter tous ces symptômes en même temps, car ils sont tous interdépendants. Plus fondamentalement, il faut s'interroger sur le sens de l'activité économique, le sens du travail, le sens de la création de richesses et de leur partage. Et de ce point de vue, notre monde marche la tête à l'envers. La création de richesse est devenue une fin en soi : cela alimente la spéculation et le consumérisme. Résultat : notre système asservit l'homme à la finance et le rend dépendant à la consommation, alors que le but de l'activité économique devrait être la quête du bonheur et la libération de l'homme des contingences matérielles. Toutes les crises que nous connaissons actuellement trouvent leur origine dans ce double phénomène : une finance que plus personne ne contrôle et un consumérisme qui pourrait, à terme, épuiser les ressources de la planète. Dans la vie économique et sociale, notre devoir à tous est d'honorer et de promouvoir la dignité de la personne humaine, le bien de toute la société et de garantir le développement durable. C'est l'homme qui est l'auteur, le centre et le but de la vie économico sociale. Le reste, la finance notamment, est secondaire. |