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Prime dividendes : des montants dérisoires

Comme le craignait la CFTC, les négociations concernant la prime sur les dividendes, qui s'achèveront le 31 octobre prochain, s'avèrent difficiles. À quatre semaines de cette échéance, seule une entreprise concernée sur trois avait entamé les discussions et une sur dix a conclu un accord, selon le cabinet Towers Watson, spécialiste en rémunération. Les négociations achoppent sur les montants proposés, souvent dérisoires : 200 euros en moyenne, selon Towers Watson ; entre 150 et 300 euros selon le cabinet Deloitte. Chez Axa, là où la CFTC demandait 1200 euros de prime par salarié (correspondant au seuil d'exonérations de charges sociales prévu par la loi), la direction a tranché : la prime dividendes sera de 100 euros. Si bien que la CFTC d'Axa propose de reverser la somme... à une association caritative.

Et que dire de la société Securitas qui propose moins de 10 euros de prime ! Pourtant, la circulaire du 29 juillet de la Direction générale du Travail précise bien que le montant de cette prime "ne saurait être symbolique ". Autre point d'inquiétude : l'impact sur les futures négociations salariales. Bien que la loi du 28 juillet 2011 prévoit que la prime dividendes doit être distincte de tout élément salarial, plus d'un tiers des DRH envisagerait de réduire l'enveloppe d'augmentation des salaires d'un montant correspondant à la moitié environ du coût de cette prime, selon le cabinet Deloitte. En outre, les syndicats et les salariés ne seraient pas à l'abri de tentatives de contournement de la loi : 22%des entreprises seraient tentées de modifier leur future politique de distribution des dividendes, toujours selon Deloitte. Les subterfuges pour éviter de continuer à payer cette prime se dessinent déjà : chez Schneider Electric, qui finalement a obtenu une prime de 200 euros, au lieu de 150, la direction prévoit l'an prochain de diviser par deux la valeur nominale de l'action, réduisant ainsi de moitié les dividendes, à bénéfice égal !