Points de vue sur l'actualité

L'École abandonnée

L'école n'est pas une charge, mais un investissement pour l'avenir.

Pour les nombreux enseignants qui ont défilé dans les rues des grandes villes de France le 27 septembre, l'heure de la sortie de route a sonné. Première raison, les suppressions de postes : fin 2012, il y aura 80 000 enseignants de moins par rapport à 2007, alors que la France est le pays d'Europe qui compte le plus d'élèves par enseignants (19,9 contre 10,6 en Italie). Et les conséquences se font déjà sentir : classes surchargées et augmentation du nombre d'heures de cours dans un contexte social qui va en se dégradant.

Deuxième raison, les réformes engagées durant le quinquennat : suppression de la carte scolaire, réforme des lycées, mastérisation qui envoie des enseignants devant les élèves sans qu'ils aient reçu de formation préalable. Impensable dans n'importe quelle autre entreprise qui demande de plus en plus de garanties quant à la formation de ses salariés ! Ces mesures semblent non seulement avoir échoué, mais aussi avoir accentué les problèmes.

Enfin, les enseignants souffrent de l'usure, des difficultés rencontrées pour " tenir " la classe et du manque de reconnaissance : 30%d'entre eux pensent quitter leur métier selon une récente étude. La Confédération soutient le mouvement et nos syndicats de l'enseignement - du public (SCENRAC) comme du privé (FESEP) - qui étaient eux aussi dans la rue. Contrairement à ce que cherche à nous faire croire le gouvernement, l'école n'est pas une charge, mais un investissement pour l'avenir. Comment peut-on se plaindre que la recherche stagne en France, comme d'ailleurs dans de nombreux pays d'Europe, et contribuer par une politique budgétaire qui retire à l'école, lieu de formation par excellence, les moyens de remplir sa mission ? Comment peut-on se plaindre que les élèves, au sortir de l'école, ne sont pas adaptés aux besoins des entreprises, alors qu'on ôte à l'école la possibilité de remplir sa mission ? Comment peut-on se plaindre de l'augmentation de la misère matérielle et morale alors que l'école, qui participe à la socialisation des enfants, est sans cesse remise en cause ?

Les plus favorisés parviendront toujours à s'en sortir, mais les plus démunis seront les premières victimes de cette politique. Tant qu'il en sera ainsi, la CFTC dénoncera cette politique, y compris dans la rue s'il le faut.