Points de vue sur l'actualité

Budget : entre méthode Coué et déni de réalité

Imaginer réduire le déficit budgétaire à 3 % en 2013 avec un taux de croissance de 2 % relève, au mieux, de la méthode Coué, au pire, du déni de réalité. Ce sont pourtant les prévisions du gouvernement présentées ce matin à l'issue du conseil des ministres.

La CFTC estime que ces objectifs ne sont pas atteignables, essentiellement parce que l'austérité pèsera sur la croissance. On le constate déjà. Selon les derniers chiffres de l'Insee, les dépenses de consommation des ménages reculent, le taux d'épargne progresse, l'investissement décélère et les exportations stagnent. Comment l'austérité budgétaire pourrait-elle inverser la tendance ?

La CFTC regrette que le gouvernement soit plus enclin à " convaincre les marchés " (voir la une du quotidien Les Échos ce matin) et les agences de notation que de protéger les Français des méfaits de la crise financière : cela relève du déni de démocratie.

La CFTC juge cependant urgent d'agir pour réduire la dette et le déficit des finances publiques. Il existe d'autres moyens d'y parvenir que par l'austérité. Quand nous regardons les chiffres sur une longue période, nous constatons en effet que le budget de la France est déficitaire depuis 1974. Or, depuis janvier 1973, une loi oblige le Trésor public à se financer auprès des marchés et non plus auprès de la Banque de France. La raison généralement avancée est la lutte contre l'inflation... qui n'existait pas en janvier 1973 : trouver l'erreur ! Les euro-obligations garanties par la BCE que proposent certains pourraient déjà constituer un juste milieu entre soumission aux marchés financiers et retour à une souveraineté budgétaire.

La CFTC reproche également à ce projet de budget de faire des économies en tranchant sans distinction dans les sommes allouées à l'investissement public, créateur de richesses, et au fonctionnement de l'administration.

La CFTC s'inquiète également des conséquences que ne manquera pas d'avoir l'austérité sur les services publics essentiels tels que l'école et l'hôpital : la RGPP a aujourd'hui atteint ses limites.

Pour la CFTC, on ne pourra retarder indéfiniment la réforme de notre fiscalité.