Points de vue sur l'actualitéReprenez du pouvoir (d'achat)Il est urgent de compenser la dégradation du pouvoir d'achat qui, en cette rentrée, va encore un peu plus s'éroder. Partir en vacances serait-t-il devenu un luxe ? Oui, si l'on en croit les résultats d'un récent sondage que nous avons commentés. Faute de moyens, contraints de faire des économies pour tenir jusqu'à la fin de l'année, près d'un Français sur deux se priverait de partir en vacances. Parmi eux, des demandeurs d'emploi, des retraités et des salariés aussi. Ces chiffres ne sont pas surprenants, ils montrent, à nouveau, que le problème du pouvoir d'achat n'est pas une vue de l'esprit, ni une position dogmatique, et qu'il n'a pas encore trouvé de vraies solutions. En témoignent les négociations annuelles sur les salaires particulièrement difficiles cette année, marquées par des mouvements de grève - auxquels ont dû souvent se joindre nos négociateurs CFTC pour appuyer leurs propositions - qui ont rarement permis d'accéder à des augmentations supérieures à 2%, soit l'équivalent de l'inflation. Dans le même temps, les dividendes versés aux actionnaires des entreprises du CAC 40 battaient des records, et les journaux, à longueur de colonnes, parlaient de sortie de crise, crise pendant laquelle les salariés s'étaient serrés la ceinture. Si bien que le chef de l'État a dû se ressaisir de la question qu'il avait un temps délaissée. Dans la précipitation, le gouvernement a lancé l'idée d'une prime aux salariés, une mesure entérinée par le Parlement le 13 juillet et immédiatement applicable. Nous avions salué cette bonne idée sur le principe. Cela fait près de deux ans que la CFTC demande que le partage des richesses produites passe du concept à la pratique, mais le Medef a fait traîner les choses. Sous l'impulsion de la CFTC, des négociations ont enfin démarré et permettront à terme, nous l'espérons, que le travail soit rémunéré à sa juste valeur. Revenons à cette prime qui, assortie de conditions très restrictives, ne concernera en définitive que peu de salariés. C'est la raison pour laquelle vous avez toute légitimité pour demander, dans toutes les entreprises qui font des bénéfices, l'ouverture de négociations afin que les salariés obtiennent un juste retour des efforts fournis. En attendant, je vous souhaite d'excellentes vacances. Les salariés nous attendent à la rentrée, surtout ceux qui n'ont pas eu la chance de partir. |