Points de vue sur l'actualité

CV anonyme : trois petits tours et puis s'en va

Faute de décret d'application, remis en cause par une récente étude et fustigé par le commissaire à la Diversité et à l'Égalité des chances, Yazid SABEG, le CV anonyme semble vivre ses dernières heures. C'est ce qu'on peut conclure en lisant la déclaration de Yazid SABEG, dans le journal Les Échos du 17 août. Il confirme qu'il ne souhaite pas rendre le dispositif obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés comme le prévoyait la loi, mais préfère le rendre facultatif pour celles où le CV anonyme rencontrerait un certain succès.

Prévu dans la loi sur l'égalité des chances de 2006, dont les décrets d'application n'ont jamais vu le jour, le dispositif initial devait rendre obligatoire la suppression de toute mention de l'état civil (nom, prénom, adresse et date de naissance) pour faire reculer la discrimination lors de l'embauche. Hasard du calendrier, Pôle emploi publie en même temps que la déclaration de Yazid SABEG, une expérimentation du CV anonyme menée par le Centre de recherche en économie et statistique et l'École d'économie de Paris dont les conclusions avaient pourtant été rendues publiques dès mars dernier. Les résultats indiquent que le CV anonyme n'améliore pas, en moyenne, les chances d'accéder à un entretien d'embauche pour les publics susceptibles d'être discriminés. Son impact est même négatif sur les taux d'accès aux entretiens des candidats issus de l'immigration ou résidant en Zone urbaine sensible (ZUS) et en Contrat urbain de cohésion sociale (CUCS). Ces résultats donnent raison à la CFTC qui à l'époque souhaitait une expérimentation de ce nouveau dispositif avant de le généraliser et s'était bien gardée de plébisciter trop hâtivement une solution miracle qui ne le serait pas. La CFTC avait à l'époque alertée sur l'effet " panacée " de la mesure. C'est au gouvernement maintenant de faire connaître sa décision.