Points de vue sur l'actualité

RTT : prenez-les ou donnez-les !

Après quelques mois de répit, le débat sur les 35 heures refait surface avec le don de RTT. Souvenez-vous, le député Manuel VALLS avait lancé l'offensive en début d'année en voulant " déverrouiller les 35 heures ", puis en juin Hervé NOVELLI renchérissait : " Il faut laisser les entreprises négocier avec les partenaires sociaux pour fixer la durée de travail qui leur convienne le mieux ".

Cette fois c'est le député Paul SALEN qui propose de légaliser le don de RTT. A priori cette idée, emprunte de générosité, ouvre de nouvelles pistes pour la solidarité au travail, mais il pourrait tout aussi bien s'agir d'une remise en cause déguisée des 35 heures, à moins que cela ne soit pour détourner l'attention des vrais problèmes, tel le pouvoir d'achat, ou pour faire passer la pilule des mesures d'austérité. Le don de jours de RTT se pratique déjà dans certains grands groupes par le biais d'accords d'entreprise, mais aucun cadre légal n'existe aujourd'hui. L'idée contenue dans la proposition de loi de Paul SALEN est de " permettre aux salariés de faire don d'heures de réduction de temps de travail (RTT) ou de récupération à un collègue parent dont l'enfant est gravement malade ".

Seuls les salariés qui bénéficient de l'allocation de présence parentale pourraient bénéficier de la générosité de leur collègues par transfert d'heures sur leur compte épargne-temps (CET) respectif. Sans écarter d'emblée cette idée, la CFTC craint toutefois des dérives d'une généralisation de ce système, dans lequel des pressions ou une forme de "marchandage " sous le manteau pourraient voir le jour. Même si ce don, tel qu'il est envisagé dans la proposition de loi, est conditionné à l'accord des deux parties et de l'approbation de la direction, dans un contexte de crise et de pouvoir d'achat érodé, la tentation de céder ses jours de repos pour arrondir ses fins de mois est grande.