Points de vue sur l'actualité

Le jour où la France entra en récession

Ce n'est pas de rustine budgétaire dont la France a besoin, mais d'une véritable réforme de la fiscalité qui rende l'impôt plus juste socialement.

Ce n'est pas le titre du dernier film catastrophe ; mais ce pourrait bien être ce que les historiens retiendront de la présentation, le 24 août 2011, par François FILLON du plan d'austérité budgétaire destiné à apaiser les marchés. Loin de nous l'intention de jouer les oiseaux de mauvais augure ; je veux simplement dire qu'une analyse objective des mesures que contient ce plan ne me pousse pas vraiment à l'optimisme. Certes, tout n'est pas à rejeter. On peut ainsi saluer la volonté du gouvernement de ne pas toucher aux mesures fiscales en faveur de l'emploi, encore que l'efficacité de certaines d'entre elles (notamment les allègements de la part patronale des cotisations sociales sur les bas salaires) reste à démontrer. On peut aussi approuver la remise en cause de certaines niches fiscales, même si nous ne sommes pas à l'abri de certains effets pervers : la CFTC aurait ainsi souhaité que ces niches soient évaluées avant d'être supprimées ou rabotées. On peut également accueillir favorablement la décision prise par le Premier ministre de rencontrer les partenaires sociaux : seule manière de donner une légitimité à son plan. Cela étant, je crains que ce plan ne nuise à une croissance déjà bien atone et que la France se trouve à plus ou moins brève échéance emportée dans une spirale déflationniste. La CFTC rappelle son attachement à la règle d'une politique budgétaire contracyclique (c'est-à-dire expansive en période de récession et rigoureuse en période de croissance). Plus fondamentalement, ce n'est pas de rustine budgétaire dont la France a besoin, mais d'une véritable réforme de la fiscalité qui rende l'impôt plus juste socialement et plus efficace économiquement. Ce n'est pas un plan adopté dans l'urgence pour complaire aux agences de notation que nos compatriotes réclament, mais un projet politique décidé à l'échelon européen afin que les marchés cessent de dicter leurs lois à nos gouvernements.