Points de vue sur l'actualitéSois jeune, et sois toi-mêmeSi nos gouvernants prenaient la peine d'écouter les jeunes, ils comprendraient qu'ils souhaitent uniquement bénéficier des mêmes droits que les autres salariés. La segmentation de la population active n'est-elle pas synonyme de stigmatisation ? Telle est la question que je me pose suite à une récente rencontre avec les représentants des jeunes au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Il ressort, en effet, de la conversation que nous avons eue, que les jeunes ne veulent pas être regardés comme des jeunes, mais comme des salariés à part entière, des salariés comme les autres, avec leurs compétences et leurs insuffisances, leurs qualités et leurs défauts, leur enthousiasme. Le fait de les considérer d'abord comme des jeunes conduit inévitablement à mettre l'accent sur leurs différences et permet de justifier la multiplication des stages, l'emploi précaire et les salaires au rabais. Est-il normal, par exemple, que la solidarité (assurance chômage, protection sociale) à l'égard des jeunes ne s'exerce qu'à partir du moment où ils ont un emploi, c'est-à-dire, dans de nombreux cas, vers 25 ans ? Si, en droit, ils acquièrent la majorité à 18 ans, en fait, elle leur est confisquée jusqu'à ce qu'ils atteignent cet âge charnière. À la CFTC, nous estimons qu'ils doivent pouvoir profiter de cette solidarité dès la sortie du système scolaire, quel que soit leur âge. C'est toute l'originalité du Statut du travailleur qui propose de sécuriser les parcours de vie. Il permet, en outre, de répondre à une autre attente forte des jeunes : la création d'une famille. Toutes les autres mesures avancées, aussi judicieuses soient elles, comme l'apprentissage, ou critiquables, comme les allègements de cotisations sociales, ne peuvent être que des mesures d'accompagnement. Si nos gouvernants prenaient la peine d'écouter les jeunes, ils comprendraient qu'ils ne souhaitent pas bénéficier de passe-droits, mais des mêmes droits que les autres salariés. Et ce qui est valable pour les jeunes l'est également pour les seniors, autre catégorie stigmatisée. |