Points de vue sur l'actualité

1941-2011 : pouvoir s'opposer

70 ans après, la grève des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais, au coeur des années noires de l'occupation, marque encore de façon vibrante leurs héritiers et la CFTC toute entière. Retour sur cet événement qui a mis en application, bien avant l'heure, le slogan CFTC " Pouvoir s'opposer, toujours proposer ". Avant la " Charte du travail " du 4 octobre 1941, les compagnies d'exploitation minières ont voulu imposer le paiement des ouvriers par équipe (donc des baisses de rémunération pour certains), allonger la journée de travail et les faire travailler un dimanche sur deux. Des exigences qui ont provoqué un mouvement de grève historique qui durera du 26 mai au 9 juin 1941. À sa tête, la CFTC " très bien implantée dans le secteur " explique Gilbert Lechardeur, vice-président de la fédération Chimie, mines, textile, énergie (CMTE-CFTC) et président du syndicat pas-de-calaisien des mineurs CFTC. " Et des militants comme Joseph SAUTY, Félix PIERRAIN ou Jules CATOIRE ont refusé net la remise en cause des acquis. C'était des gens qui, passez-moi l'expression, " en avaient " et qu'on a tous retrouvés dans la Résistance et la clandestinité. " La grève a été réprimée par la violence. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées, 270 mineurs ont été déportés dont la moitié ne sont pas revenus. " Ces gens-là étaient porteurs de toute la force de la CFTC ; ils étaient durs pour eux-mêmes, mais aussi pour les jeunes militants. Ainsi, après la Guerre, nous étions tenus de faire des adhésions, et il n'y avait pas d'heure ! " se rappelle-t-il avec émotion. Une histoire dont il faut s'inspirer : "Mon boulot avec les jeunes, est de les pousser à aller plus loin. Plus que jamais, dans la situation où nous nous trouvons, il faut aller chercher loin les ressources. Il n'y a pas de raison que ça ne marche pas, à la CFTC on s'en est toujours sortis ! "

À lire sur le sujet : La Mine et la foi, Joseph SAUTY, syndicaliste des Gueules noires, Bruno BÉTHOUART, éd. Les Échos du Pas-de-Calais, mars 2009, 112 pages, 15 euros.