Points de vue sur l'actualité

Discussions différées

Certes beaucoup de charges pèsent sur les entreprises, mais pourquoi vouloir toucher au salaire différé ?

Tout notre système de protection sociale repose sur l'instauration d'un salaire différé. Les travailleurs ont accepté qu'une partie de leur salaire soit ponctionnée. Les entreprises elles-mêmes ont accepté ce principe en prenant en charge une partie de cette cotisation. Notre pacte social en France a été construit ainsi. Ces cotisations prélevées sont ensuite redistribuées pour financer la protection sociale (maladie, famille, chômage, retraites,...). Basé sur le principe de redistribution, ce système est le fruit de négociations dont nous avons été la cheville ouvrière. La CFTC continue aujourd'hui, avec cette même ferveur, à défendre ce système, car il est mis à mal. En témoignent les nouvelles déclarations du MEDEF qui voudrait nous faire croire que le seul moyen de baisser les coûts de production serait de baisser le coût du travail. Certes beaucoup de charges pèsent sur les entreprises, mais pourquoi vouloir toucher au salaire différé ? Pour nous, il y a d'autres leviers pour baisser les charges des entreprises. À l'heure où on parle de dépendance, nous devons tous faire preuve de solidarité. La responsabilité sociale des entreprises (RSE) n'est pas un gros mot. Les entreprises doivent ainsi continuer à respecter les règles conformément à leur engagement. En disant un grand "Oui " à une assurance privée pour financer la dépendance, la présidente du Medef fait de la provocation. En jouant habillement avec le mot risque, le président de la République nous laisse penser que l'État se dédouanerait en partie de ses responsabilités en confiant la prise en charge du cinquième risque aux assureurs. Pour la CFTC si la dépendance n'est pas gérée de la même manière que la maladie, nos concitoyens seront nombreux demain à basculer dans la précarité leurs vieux jours arrivés. Il est urgent de remettre à l'ordre du jour des discussions sur le partage de la valeur ajoutée, les fameux " trois tiers " évoqués par le président de la République en 2008. Peut-être trouverions-nous alors les moyens de redonner ses lettres de noblesse au mot solidarité.