Points de vue sur l'actualité

Le MEDEF veut le beurre et l'argent du beurre

Le MEDEF, opportuniste, saisit au vol les discours de politiques qui souhaitent exister dans les médias.

Au delà des effets d'annonce, les entreprises sont-elles vraiment nombreuses à vouloir renégocier des accords sur le temps de travail, à accepter de revenir sur la forfaitisation du travail des cadres, sur l'annualisation du temps de travail et sur la flexibilité qui ont été apportés par les changements d'organisation du travail, engagés dans le cadre des 35 heures ?

Rappelons que selon la DARES, ces négociations ont été l'occasion pour les entreprises d'introduire la polyvalence, la rotation de postes, la constitution d'équipes de travail ou d'équipes autonomes, tout cela en incluant dans les accords signés un rationnement des augmentations de salaire.

Concernant plus particulièrement les cadres, exclus de l'application des 35 heures, l'adoption du forfait jours a conduit à ne pas payer la multiplication des heures supplémentaires effectuées. Cette situation a d'ailleurs entraîné la condamnation de la France à trois reprises par le Comité Européen des Droits Sociaux du Conseil de l'Europe comme étant contraire à la Charte Sociale Européenne.

Par ailleurs, le Medef est-il favorable à revenir non seulement sur les 12 milliards d'euros d'allègements de charges octroyées aux entreprises en compensation des 35 heures, mais également sur les 4,5 milliards d'euros attribués pour l'exonération des heures supplémentaires ?

Les entreprises, qui aujourd'hui ont acquis la possibilité de créer leur propre droit au travers d'accords dérogatoires instaurés par la position commune de 2008, vont-elles continuer à mettre une pression excessive sur les salariés en supprimant d'un revers de main toutes les mesures favorables les concernant, tout en conservant ce qui les intéresse et ce sans respecter les termes des contrats dans lesquelles elles s'étaient engagées ?

Pour la CFTC, l'urgence est ailleurs. L'urgence est de s'attaquer au chômage, à la pénibilité et à la précarité. Alors que la croissance, en France, est soutenue par la consommation, il est urgent de s'attaquer à la multiplication de ces contrats courts qui ne permettent pas aux salariés de travailler suffisamment pour vivre décemment. Il est également urgent que les entreprises investissent dans les activités à forte valeur ajoutée, plutôt que de privilégier des politiques à court terme expliquant en grande partie le décalage incontestable des entreprises françaises par rapport à leur voisines allemandes.

Enfin, comme l'a rappelé vendredi denier le Président de la République lors de ses v?ux prononcés en séance inaugurale du Conseil Économique, Social et Environnemental, l'important est de raisonner non pas en quantité de travail mais en termes de qualité de vie au travail.