Points de vue sur l'actualité

35 heures : décalage horaire

Le député-maire d'Évry, en voulant " déverrouiller " les 35 heures, a relancé une vieille polémique. Le débat agite depuis l'opposition comme la droite. La CFTC n'est pas dupe de la manouvre politique à seize mois d'une échéance électorale importante. De plus, les ajustements apportés aux 35 heures, depuis dix ans, n'ont contribué ni à la création d'emplois, ni à l'augmentation du pouvoir d'achat, ni à la relance de l'activité économique ou à la réduction des déficits budgétaires. Ils ont, par ailleurs, contribué à vider de sa substance cette mesure. À l'origine, ce progrès social - premier pas vers la conciliation des temps de vie - n'avait de sens, selon la CFTC, que s'il était accompagné de créations d'emplois. Force est de constater que le passage aux 35 heures de travail hebdomadaire a surtout été synonyme de gel des salaires et d'une réorganisation du travail (où les temps de pause ou d'habillage ont été exclus du temps de travail effectif), d'annualisation du temps de travail, et pour les cadres d'une forfaitisation du temps de travail. " Les cadres ont été exclus de son application par l'intermédiaire du forfait-jours qui légalise la multiplication et le non-paiement des heures supplémentaires " tient à rappeler l'UGICA-CFTC. Relancer le débat n'a de sens aujourd'hui " que si des réponses sont apportées à la précarité, à l'emploi, à la galère des jeunes " souligne Jacques VOISIN. Le chef de l'État, lors de ses voeux aux partenaires sociaux, n'a pas été très loquace sur le sujet ironisant juste sur le fait que " les 35 heures uniformes et obligatoires n'existaient plus ". Une mission d'information sur la compétitivité de l'économie française et le financement social vient d'être créée pour tenter de cadrer le débat. La CFTC rappellera lors de son rendez-vous sur le sujet avec Jean-François Copé, le 27 janvier, que toute question relevant du champ social doit faire l'objet d'une consultation préalable entre partenaires sociaux, qui décideront eux-mêmes de se saisir ou pas, de la question soumise. Le temps du social n'est décidément pas celui du politique.

Lire aussi sur le sujet note article dans La Vie à défendre n°166, novembre-décembre 2010, rubrique " Un peu d'histoire ", page 41.