Points de vue sur l'actualité

Sale temps pour dialoguer

Le temps du social n'est décidément pas celui du politique.

Et si la négociation collective, et par voie de conséquence le paritarisme, étaient des victimes collatérales du passage au quinquennat ? La question vaut la peine d'être posée au lendemain d'une réforme des retraites imposée sans concertation par un gouvernement qui s'est contenté d'informer les partenaires sociaux de ses intentions sans envisager un quelconque projet alternatif. Cet événement vient nous rappeler que le temps du social n'est décidément pas celui du politique : nous en avions déjà établi le constat en 2006 avec le Contrat première embauche (CPE), là encore élaboré pour frapper un grand coup médiatique, mais sans tenir compte de nos mises en garde. On peut savoir gré au Premier ministre d'alors d'en avoir tiré les leçons en faisant voter, en janvier 2007, une loi imposant aux pouvoirs publics de saisir les partenaires sociaux pour leur donner l'opportunité d'une négociation avant tout projet de loi ayant trait au social. À l'heure où l'on célèbre le quarantième anniversaire de la signature du premier accord national interprofessionnel (ANI), prémisse de la loi de 1971 sur la formation professionnelle continue (FPC), on ne peut que regretter le temps où on laissait le temps à la négociation de se dérouler. Non par nostalgie ou pour se faire plaisir, mais pour rappeler ce qu'une négociation bien menée, faisant fi des intérêts particuliers et visant le bien commun peut apporter aux salariés. Cet ANI, signé par toutes les organisations syndicales et patronales, montre ce que les partenaires sociaux, pour peu qu'on leur en donne le temps et qu'ils soient animés par la volonté d'aboutir, peuvent apporter à la construction sociale. Il convient également d'insister sur le fait que cet accord et cette loi n'ont pas figé la FPC une fois pour toute. D'autres négociations lui ont permis d'évoluer au cours de ces quarante années pour tenir compte de l'évolution de notre société et du monde du travail. Il faudra continuer sur cette voie jusqu'à ce que la FPC devienne l'outil de prédilection de la sécurisation des parcours professionnels et la concrétisation du Statut du travailleur.