Points de vue sur l'actualité

Pris dans la toile : réseaux sociaux

Les " amis " de nos amis ne sont pas forcément nos amis (au sens donné sur Facebook, NDLR). Deux salariés viennent d'en avoir l'amère confirmation. Ils ont été licenciés pour faute grave. Avec un autre collègue (non poursuivi, car ayant signé une transaction avec l'employeur), ces salariés avaient créé une page Facebook pour dénigrer leur encadrement et fondé un " club des néfastes ". Le 20 mai dernier, le tribunal de prud'hommes de Boulogne-Billancourt, saisi par l'employeur, n'avait pas réussi à trancher. Bien que tout cela ait eu lieu en dehors du temps de travail, les juges consulaires ont estimé, le 19 décembre, que l'employeur n'avait pas violé le droit au respect de la vie privée. La page était, en effet, accessible aux " amis ", mais aussi aux " amis d'amis ", notamment à d'autres salariés (anciens et actuels), dont un qui a dénoncé les facebookers à la direction. Les propos tenus n'étaient pas du ressort de la plaisanterie, malgré le ton, les onomatopées et les smileys (courte figuration symbolique d'une émotion, d'un état d'esprit ou d'une ambiance, NDLR) qui émaillaient les échanges. Ils portent ainsi atteinte, toujours selon les juges, à l'autorité et à la réputation de la supérieure hiérarchique. Le tribunal conclut que le licenciement pour incitation à la rébellion contre la hiérarchie et pour dénigrement envers la société Alten repose ainsi sur une cause réelle et sérieuse. " C'est un peu juste, estime Simon Denis, secrétaire national de l'UGICA-CFTC, juriste et conseiller prud'homal. Bien sûr il aurait fallu restreindre l'accès de la page aux seuls amis. Mais le fait de l'ouvrir aux amis d'amis en fait-il une page publique ? " Il y a donc matière à faire appel du jugement, ce que les intéressés ont fait. L'appel, et l'éventuelle cassation feront référence. À suivre.