Points de vue sur l'actualité

Une page tournée ?

C'est du pluralisme et de la confrontation des idées que naîtront les solutions, pas d'un consensus mou.

La page de la réforme des retraites semble provisoirement tournée. En témoigne la faible mobilisation du 25 novembre qui n'a pas rencontré le succès escompté par ses organisateurs. Prévoyant que cette journée d'actions ne rassemblerait qu'un petit nombre de salariés, la CFTC avait décidé de ne pas y prendre part. Pour les mêmes raisons, elle ne participera pas à la réunion intersyndicale du 13 décembre destinée à réactualiser la plateforme de revendication de janvier 2009 sur l'emploi, la protection sociale, la fiscalité, le pouvoir d'achat, les services publics...Je ne pense pas que la loi soit pour autant recevable : elle était injuste à l'état de projet, elle le demeure une fois votée et promulguée. Et n'en déplaise à l'exécutif, les mesures imposées par cette loi ont pour unique but de rassurer les spéculateurs. Je ne pense pas non plus que les sujets proposés par l'intersyndicale soient éloignés des préoccupations de nos concitoyens, au contraire. Je dis seulement que l'intersyndicale n'est pas le bon endroit pour y apporter des réponses. En restant dans l'intersyndicale, nous prenions le risque de ne pas être différenciés des autres organisations et de maintenir l'illusion de ce qui n'est qu'une unité de façade. C'est du pluralisme et de la confrontation des idées que naîtront les solutions, pas d'un consensus mou. L'heure est aujourd'hui à l'ouverture de négociations interprofessionnelles sur les vrais enjeux de société. Les questions que nous posions à la veille de l'épisode de la réforme des retraites restent valables. Le patronat et le pouvoir en place plaident, sans le dire ouvertement, pour une remise en cause du pacte social français, une privatisation de la protection sociale, une société individualiste et une flexibilité accrue. À la CFTC, nous restons attachés à ce pacte social qui, pendant la première phase de la crise financière, a encore prouvé son efficacité. Des aménagements sont nécessaires, mais pas sa remise en cause complète, surtout à l'heure où de nombreux experts prédisent l'avènement d'une nouvelle crise.