Points de vue sur l'actualité

Revalorisation du SMIC : le scénario à éviter

La hausse du SMIC au 1er janvier 2011 ne sera définitivement connue que mi-décembre. Mais déjà le groupe d'experts chargé de se prononcer sur l'évolution du salaire minimum a fait connaître ses recommandations. Les experts appellent le gouvernement à une revalorisation du strict minimum légal (+1,6 %). Selon toute vraisemblance aucun coup de pouce n'est à attendre pour compléter cette hausse mécanique. Comme en janvier 2010 (+0,5 %) et en juillet 2009 (+1,3 %), le gouvernement devrait se retrancher derrière l'avis des experts. Le tarif horaire actuel, de 8,86 euros, dépasserait donc à peine les 9 euros brut (35 heures hebdomadaires). Les salariés devront ainsi continuer de subir les effets de la modération salariale qui tient lieu de stratégie aux entreprises. 88 % des branches professionnelles avaient répercuté la précédente revalorisation (9,6 millions de salariés concernés), selon le ministère du Travail*. Pour les autres, leurs grilles continuent d'afficher des salaires d'entrée en dessous du SMIC. C'est deux fois moins qu'en 2009, mais quand même toujours trop, alors que les entreprises sont soumises à l'obligation légale d'appliquer le SMIC ! De plus, le fait de ne pas réévaluer les plus bas salaires provoque un tassement de toute la grille et pénalise les salaires plus élevés. En revanche, dès le 1er janvier, du fait de la nouvelle hausse, un certain nombre de branches vont voir leur salaire minimum repasser en dessous du SMIC. À moins d'avoir conclu un accord auparavant. Le 14 décembre prochain, c'est au tour de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC) de donner son avis sur la revalorisation du SMIC. La CFTC attend du gouvernement un geste politique fort afin d'éviter que 2011 ne démarre sans coup de pouce. Ce serait la cinquième année consécutive.

* DARES analyses n°74 (novembre 2010), Les bénéficiaires de la revalorisation du Smic au 1er janvier 2010.