Points de vue sur l'actualité

L'acte manqué de l'État

Notre système de solidarité doit être remis en marche.

La situation dans laquelle est plongé notre pays est préoccupante. Le mot est faible. Il est pourtant de la responsabilité de l’État d’être le garant de la paix sociale. En se montrant inflexible jusqu’au bout, le gouvernement a adopté l’attitude inverse. Ces derniers jours, aucun signal apaisant n’a été envoyé.

Chacun d’entre nous espérait encore secrètement le contraire. À la veille de l’adoption définitive du texte de loi sur les retraites, François FILLON aurait voulu donner des gages sur l’emploi des jeunes et des seniors ? Cette loi ne règle en rien ce point, ni la question de la pénibilité, ni du financement de notre système par répartition. Nous attendions d’autres gestes. Des gestes forts, des engagements fermes de l’État. Notre système de solidarité doit être remis en marche. Il n’est plus tolérable qu’il continue à s’étioler ou qu’il soit mis une nouvelle fois en danger. L’État a un rôle à jouer autre que celui qu’il vient d’endosser. Qu’il légifère dans le sens des salariés ! Il sait bien le faire lorsque la loi est en leur défaveur. Qu’il soit le garant de la bonne application de la feuille de route qu’il avait tracée avec les partenaires sociaux !

Presque aucune négociation et/ou concertation prévue à l’agenda social 2010 n’a abouti de manière satisfaisante – en 2011, qu’il s’y engage vraiment ! Le rendez-vous des retraites a d’abord été reporté après les régionales, puis la concertation bâclée, les propositions des organisations syndicales pratiquement oubliées. Qu’en est-il aussi des discussions sur le partage des richesses en trois tiers que le chef de l’État lui-même avait approuvé ? Les promesses d’ouverture de nouveaux chantiers ne suffisent plus. La paix sociale ne se construit sans un socle de confiance solide. Ce n’est ni dans une bataille de communication ni en poussant ses détracteurs au rapport de force que le gouvernement y parviendra. À ce jeu-là, il n’y a que des perdants. Que le chef de l’État s’en souvienne lorsqu’il promulguera la loi sur la réforme des retraites, ou lorsque les partenaires sociaux ne trouveront plus de terrain d’entente lors de la renégociation de l’accord UNEDIC. Une négociation qui concerne précisément les jeunes, les seniors et les fins de droit.