Points de vue sur l'actualité

Dégâts collatéraux en vue

Le projet de réforme des retraites laissera des traces indélébiles dans les relations entre le gouvernement et les partenaires sociaux.

Difficile, par les temps qui courent, de parler d’autre chose que du projet de réforme des retraites.

S’il est trop tôt pour dire comment le conflit actuel se terminera, on peut toutefois prédire, sans grand risque de se tromper, qu’il laissera des traces indélébiles dans les relations entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Ces derniers ne pourront pas faire comme si cet épisode n’avait pas existé ; ils ne pourront plus parler avec leurs interlocuteurs gouvernementaux avec la même franchise. Quel beau gâchis ! Si le projet de loi – qui est en cours de discussion au Sénat et qui sera, la semaine prochaine, examiné par une commission mixte paritaire composée de représentants des deux assemblées – est adopté en l’état, il fera, à n’en pas douter, de nombreux déçus, créera des frustrations qui risquent de se traduire par des conflits locaux, sporadiques, qui pourraient être marqués par des violences d’autant plus grandes que les frustrations seront fortes. Si jamais cette loi était votée, elle obligerait aussi les négociateurs de la future convention de l’assurance chômage à durcir leur position pour éviter que tous les demandeurs d’emploi âgés qui ne pourront pas percevoir leur pension du fait du report de l’âge légal de départ à la retraite soient laissés sur le bord de la route. Ce n’est pas, en effet, aux plus démunis de faire les frais de la réforme.

Tout ça pour ça ! Pour une loi qui, selon les dernières estimations, ne parviendra même pas à combler le déficit du régime général à l’échéance prévue de 2018. On a connu le président de la République plus à l’écoute des attentes des Français, notamment au début de la crise quand il a reçu, à la demande de la CFTC, l’ensemble des organisations syndicales. Une nouvelle fois, nous lui demandons qu’il renoue les fils du dialogue qui n’auraient jamais dû être rompus. Tant que nous n’obtiendrons pas satisfaction, nous appellerons à la mobilisation ; il y va de l’avenir de notre pacte social.