Points de vue sur l'actualité

Indicateurs économiques : le bien-être statistiquement correct ?

Le 4 octobre 2010, l’Insee et le service de l’Observation et des Statistiques du ministère du Développement durable publiaient le bilan d’une année de travaux destinés à mettre en œuvre les préconisations du rapport STIGLITZ. Les deux organismes ont ainsi contribué à la rénovation de plusieurs indices. Exit, par exemple, le PIB par habitant, qui est un indicateur de l’activité économique, place au Revenu disponible net ajusté qui tient compte des revenus effectivement perçus par les ménages mais aussi de l’effet redistributif des dépenses publiques en matière de santé, d’éducation… La France apparaît alors mieux classée que les autres pays européens et le Japon. La supériorité du système social français est ainsi démontrée ; il est dommage que le gouvernement et le patronat le remettent en cause régulièrement. Un nouvel indicateur permet également d’évaluer les émissions de CO² de la consommation des ménages français intégrant les importations, c'est-à-dire les émissions de CO² engendrées à l’étranger par notre consommation nationale. L’empreinte carbone de chaque ménage français s’élève ainsi à 9 tonnes de CO² par an, contre 6,7 tonnes émises uniquement sur le territoire national. La conclusion logique de ce phénomène consisterait pour les pouvoirs publics à décourager toutes les délocalisations qui pèsent sur l’environnement, donc sur la qualité de vie. Au cours des mois qui viennent, d’autres indicateurs seront remaniés pour mieux mesurer la qualité de vie des ménages ou encore leur bien-être. Espérons que le gouvernement saura s’en saisir pour impulser une nouvelle politique économique davantage respectueuse du social et de l’environnement, sous peine que les belles statistiques dont nous disposerons alors ne servent à rien d’autres qu’à élaborer des constats catastrophistes.