Points de vue sur l'actualité

Inacceptable

Des dispositions relatives à la médecine du travail (!) ont été introduites en catimini dans le projet de loi sur les retraites. Et celles-ci portent atteinte à l’indépendance de la médecine du travail. Inacceptable dans la méthode, comme sur le fond, pour la CFTC. D’abord parce que ces amendements ont été glissés en dernière minute pour ne pas trop attirer l’attention et éviter ainsi tout débat. Ensuite parce que, sur le fond, ces dispositions ne vont pas dans le sens des propositions défendues par la CFTC mais convergent au contraire avec les souhaits du patronat exprimés lors de la négociation sur la réforme de la médecine du travail en 2009. La CFTC n’avait d’ailleurs, pour ces mêmes raisons, pas signé l’ANI en question. Ces amendements touchent aux missions et à l’indépendance de la médecine du travail vis-à-vis de l’employeur, au contrôle et au suivi de la santé des salariés. L’un prévoit, en effet, que l’une des missions des services de santé au travail (STT) est de « préserver la santé physique et mentale des travailleurs tout au long de leur parcours professionnel » et non plus d’éviter toute altération de la santé du fait du travail. La cause du travail dans les pathologies est écartée. La primauté de la prévention primaire n’est pas rappelée. Un autre prévoit que le médecin du travail exerce ses missions « en lien » avec l’employeur sans réaffirmer l’autonomie dont dispose le médecin. Un dernier stipule qu’un accord collectif de branche « peut prévoir » que la santé de certaines catégories de métiers ne soit plus contrôlée par un médecin du travail mais par un généraliste qui n’a aucune compétence en la matière ! On le voit bien, comme en 2009, aucune solution à la pénurie de médecins du travail n’est réellement apportée. Pire, le rôle médecin du travail au sein de l’équipe pluridisciplinaire des STT est déprécié et la santé des salariés relayée au second rang. Reste aux sénateurs de rectifier le tir en demandant la discussion d’un projet de loi spécifique afin d’envisager de façon cohérente et globale l’avenir de la médecine du travail en France !