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Retraites : la question du handicap une fois de plus totalement négligée par les pouvoirs publics

L'examen du projet de loi de réforme des retraites a révélé que certaines catégories de personnes pourtant fortement impactées n'avaient nullement été prises en compte lors de la rédaction du texte. En plus des inégalités hommes/femmes que la réforme ne ferait qu'aggraver, la situation des personnes handicapées préoccupe aussi grandement la CFTC.

Grandes oubliées de cette réforme, les personnes handicapés - qui sont encore trop souvent victimes de discriminations à l'embauche et de parcours chaotiques - se trouvent trop souvent dans des situations dramatiques quand vient le moment de la retraite. Sans compter les dommages collatéraux dont sont victimes également leurs aidants familiaux - qui doivent souvent abandonner leur activité professionnelle pour s'occuper d'eux au quotidien. Les personnes handicapées et leurs aidants familiaux, déjà victimes des injustices de la vie, doivent elles aussi être les victimes des injustices de cette réforme ?

Avant tout, la CFTC reste persuadée que des mesures volontaristes d'incitation à l'embauche et au maintien dans l'emploi permettraient de favoriser l'emploi des personnes handicapées. Comptant ainsi au nombre des actifs, non seulement elles auraient une retraite décente mais en plus elles pourraient participer elles-mêmes au financement des retraites.

Pour la CFTC, le droit à une retraite anticipée ne doit plus être un privilège accordé à une infime minorité de personnes handicapées. Il doit devenir un droit pour tous. Pour cela il faut assouplir les règles et les exigences administratives trop restrictives qui prévalent actuellement. Il faut simplifier la preuve du taux d'incapacité, réduire de moitié le nombre de trimestres cotisés et arrêter d'exiger un taux de 80%. Un taux de 50% sur 10 ou 15 ans de cotisations faciliterait l'accès à ce dispositif et améliorerait la qualité de vie de nombreuses personnes handicapées.

En ce qui concerne le passage automatique de la pension d'invalidité à la pension vieillesse pour inaptitude à l'âge de 60 ans, il ne doit plus représenter une chute brutale des revenus et une vieillesse dans la précarité. Il faut donc maintenir le même montant de pension.

Quant aux aidants familiaux qui, face aux graves carences des pouvoirs publics, n'ont d'autre choix que d'accompagner et prendre en charge les personnes handicapées, ils exercent cette mission de façon bénévole et vont souvent jusqu'à devoir sacrifier leur vie personnelle et leur carrière professionnelle.

Pour la CFTC, il est urgent et juste de reconnaître le rôle essentiel qu'ils jouent dans notre société et de mettre en place un mécanisme de solidarité qui leur garantisse le droit à une retraite décente et digne.