Points de vue sur l'actualité

Un édifice social fragilisé

Sauver le pacte social à la française consisterait à renforcer la solidarité et la redistribution.

Officiellement, le président de la République et ses ministres mettent tout en œuvre pour défendre le pacte social français. Ainsi, est-ce pour sauver la retraite par répartition – l’un des piliers de notre système social – que la réforme actuellement en cours de discussion au Parlement prévoit de reporter de deux ans l’âge légal de départ à la retraite. C’est aussi pour sauver l’assurance maladie que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2011 envisage un nouveau plan d’économie qui se devrait se traduire par une baisse du remboursement de nombreux médicaments, une hausse du ticket modérateur et une moindre prise en charge de certains actes réalisés à l’hôpital. Dans le même temps, pour réduire le déficit budgétaire et la dette publique, de nombreuses niches fiscales et sociales favorisant les familles pourraient être remises en cause. Enfin, si le patronat parvient à imposer ses choix, la nouvelle convention d’assurance chômage pourrait dégrader les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi. On le voit, malgré des discours qui se veulent rassurants, la politique actuelle a pour résultat de fragiliser chaque jour un peu plus l’édifice social, obligeant ainsi les assurés à se tourner vers des assurances privées. Du moins ceux – une minorité – qui en ont les moyens ; les autres – la grosse majorité – pourra toujours continuer à travailler plus et à se soigner moins (une tendance qui semble se dessiner selon de récentes enquêtes). Sauver le pacte social à la française consisterait au contraire à renforcer la solidarité et la redistribution entre les riches et les pauvres, les forts et les faibles, les jeunes et les vieux. On comprend d’autant moins ce qui motive nos gouvernants que ce système a fait ses preuves et a montré pendant la crise quel rôle majeur il peut jouer en faveur des plus démunis pour éviter qu’ils ne soient complètement marginalisés. De là à prétendre que l’intention véritable du gouvernement est d’abord de satisfaire les marchés et de rassurer les agences de notation mais nous n’osons penser que ce soit vrai !