Points de vue sur l'actualité

Flambée du coton : toute la filière en fait les frais

Les méfaits des inondations au Pakistan et en Chine se répercutent bien au-delà des frontières de l'Asie. Les énormes pertes de production vont amplifier l'augmentation, déjà amorcée, des prix de cette matière première (+ 21 % début 2010) indispensable à l'industrie du textile et de l'habillement. Corinne Legrand, salariée chez Devanlay Lacoste depuis plus trente-huit ans et présidente de la branche textile de la Fédération CMTE (Chimie, mines, textile, énergie) prépare ses prochaines négociations sans grande illusion mais avec lucidité : “ Face à la conjoncture actuelle, les industriels sont tenus de maintenir les prix s'ils veulent conserver leur clientèle De plus, l'euro n'étant plus à taux fixe, les délocalisations se développent. On voit de plus en plus de ½sourcing½, des pièces proposées à des entreprises souvent du Maghreb pour qu'elles les reproduisent à l'identique à un coût bien moindre. ” Pour Corinne, les entreprises de sous-traitance et les façonniers vont encore en faire les frais. De 2000 à 2007, ces derniers ont vu leur nombre passer de 468 à 115, passant d'un effectif de 25 950 personnes à 5 209. Face à cette situation Corinne Legrand n'a pas l'intention de faire profil bas. “ Lorsqu'on sait que l'âge moyen des femmes constituant la majorité des salariés du textile est de 44 ans, qu'elles ont souvent seules la charge de leurs enfants ne trouvant pas d'emploi et devenus adultes, il faut faire reconnaître leurs qualifications par rapport aux postes qu'elles occupent. Après une quarantaine d'années de labeur, elles n'ont guère plus qu'un SMIC. ” À bon entendeur.