Points de vue sur l'actualitéExamen du projet de loi de réforme des retraites : consultation ou plutôt occultation des partenaires sociaux ?Alors que les députés membres de la Commission des Affaires sociales ont achevé d'examiner le texte, la CFTC est déçue par l'entêtement de la majorité présidentielle, qui persiste dans son indifférence vis-à-vis des plus démunis, malgré la sonnette d'alarme tirée par les organisations syndicales. Certes, la CFTC ne s'étonne pas qu'aucun amendement n'ait été adopté pour maintenir l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans. Elle n'est pas non plus surprise par le maintien de l'obligation de poursuivre sa carrière jusqu'à 67 ans pour obtenir un taux plein. Cependant, elle ne peut que regretter ce manque d'humanité et l'absence d'écoute des recommandations des organisations syndicales. Certes la Commission permet aux mères de famille d'au-moins 2 enfants de partir à 65 ans… mais pour combien de temps ? Cette mesure ne sera-t-elle pas aussi retoquée tout comme la MDA sous le prétexte de la discrimination envers les hommes ? La CFTC n'a pas oublié que les Femmes ont perdu il y a quelques mois leur Majoration de Durée d'Assurance sous le même prétexte ! La CFTC approuve l'adoption du dispositif qu'elle avait proposé lors de ses auditions et visant à instaurer une pénalité de 1% de la masse salariale pour les entreprises ne disposant début 2012 ni d'accord avec les syndicats ni de plan d'action pour réduire les inégalités Hommes/Femmes. Mais là encore, elle se demande, compte tenu des conditions d'adoption de cet amendement, si les parlementaires conserveront cette avancée, pourtant minuscule, dans le texte final. Rien n'est moins sûr. Pas de quoi se réjouir non plus concernant le cumul d'une pension de réversion et des revenus d'activité, ni du maintien de l'allocation veuvage, il s'agit du rétablissement d'une certaine justice et non d'une avancée sociale significative ! Concernant le report de l'examen des articles sur la pénibilité, la CFTC considère que le temps puis la confrontation des parlementaires avec la réalité du dossier lui ont doublement donné raison. Comme elle l'a toujours plaidé, idéalement, la pénibilité doit être traitée en dehors du dossier des retraites, mais surtout lors d'une vraie concertation avec les partenaires sociaux, qui, hélas, n'a toujours pas eu lieu de façon sérieuse. La reprise des mesures proposées par les organisations patronales afin de favoriser la capitalisation, en fléchant automatiquement vers un PERCO (plan d'épargne retraite collective) au moins la moitié de la participation ne sont pas approuvées par la CFTC. Les salariés des PME qui n'ont pas de PERCO auront le « choix » d'une capitalisation personnelle marquant ainsi le début en France du principe d'individualisation des retraites. La CFTC déplore que le gouvernement réduise à peau de chagrin ce principe français historique de solidarité et de répartition négociée il y a 60 ans à l'époque par les anciens dirigeants de la CFTC. Les grandes annonces faites sur ces trois derniers jours se résument donc à quelques mesurettes pour tenter de faire avaler plus facilement l'absence d'adoption d'un amendement sur le maintien des 60/65 ans. L'arbre ne cache cependant pas la forêt : la CFTC n'est pas dupe et maintient plus que jamais sa participation à la mobilisation du 7 septembre. En l'état, cette réforme inique des retraites conduira en effet inévitablement à une stagnation des salaires sur les prochaines années. Une perspective de bien mauvais augure pour une sortie rapide de la crise économique ! Comment redonner le moral aux Français et relancer la consommation avec un projet si peu enclin à prendre en compte la crainte des Français d'avoir un revenu décent au cours des années à venir ? |