Points de vue sur l'actualité

Où est la justice sociale ?

Austérité et rigueur ! Depuis quelque temps déjà, nos gouvernants n'ont que ces mots-là à la bouche. “ Il est normal, entend-on ici ou là, que l'État, comme chaque citoyen, gère son budget de façon rigoureuse ”, ou “ c'est une question de bon sens et de justice sociale ” ou encore “ il ne faut pas faire peser sur les générations à venir nos dépenses inconsidérées ”. Plusieurs remarques, ici, s'imposent. Dans l'esprit du président de la République et de sa majorité, la politique d'austérité n'est pas synonyme de gestion rigoureuse ; si tel était le cas, il y a longtemps que le bouclier fiscal aurait été conditionné. Non, dans leur esprit, austérité signifie d'abord diminution des dépenses de l'État pour répondre aux attentes des agences de notation. Et d'oublier de prendre en compte les graves conséquences que pareille politique pourrait avoir sur notre vie quotidienne et sur l'emploi, dans un contexte économique encore marqué par la crise. Concrètement, l'austérité risque de mener à une diminution du nombre de fonctionnaires, donc du nombre d'enseignants et d'infirmières, donc à des fermetures de classes et d'hôpitaux. La suppression de certaines “ niches ” fiscales pourrait conduire à une remise en cause des emplois de service, déjà très dépendants de l'emploi industriel qui paie lui-même un lourd tribut à la mondialisation. L'austérité ne manquera pas, non plus, de peser sur l'investissement, la consommation, donc sur la croissance et, in fine, sur l'emploi. Qu'est-ce que cette “ justice sociale ” qui fait payer l'avidité jamais rassasiée des financiers par les salariés et leur famille ?

La réforme des retraites participe de cette même logique. Repousser de deux années l'âge de départ à la retraite, c'est continuer de comptabiliser dans la population active un million et demi de personnes. Peut-on parler de “ justice sociale ” quand on substitue aux pensionnés les bénéficiaires de multiples allocations (assurance chômage, RSA, maladie…). Plus que jamais, il faut lutter contre ce système qui fabrique des exclus à la pelle et remettre l'homme au cœur de l'économie.