Points de vue sur l'actualité

Remboursement de médicaments : panique sur les vignettes

La Mutualité française a profité de l'été pour surfer sur le discours de restriction budgétaire ambiant. L'occasion était trop belle. Il n'est plus question de “ rembourser les médicaments à l'aveugle (…) mais en fonction de leur efficacité ” a lâché son directeur général, le docteur Jean-Michel Cohen-Solal (in Le Parisien du 18 août). La complémentaire santé (qui regroupe quelque 700 mutuelles) dit ne plus vouloir tenir compte à terme des barèmes de remboursement de la Sécu et mettre en place son propre système. Rien que ça ! Elle oublie toutefois que le niveau de remboursement fixé par la Sécu est déjà lié à l'efficacité du médicament… Peu importe, la Mutualité française compte poursuivre l'expérimentation qu'elle mène dans quelques pharmacies pour juger sur pièce le “ service médical rendu ” et dérembourser les médicaments les moins efficaces. Cette expérimentation a été rendue possible par la Cnil qui a récemment autorisé – pour la première fois – la complémentaire santé à accéder aux informations de la Haute autorité de Santé sur le “ service médical rendu ”. Les médicaments les moins remboursés par la Sécurité sociale, ceux qui portent les vignettes bleues (35 %) et orange (15 %), sont plus particulièrement dans le collimateur de la Mutualité qui y voit une occasion de ne plus prendre en charge la différence qui lui coûte davantage. Les économies réalisées serviront-elles à mieux rembourser d'autres médicaments ? La Mutualité n'en parle pas. L'association UFC-Que Choisir – et elle n'est pas la seule – juge la mesure “ dommageable aux seuls consommateurs ”. Elle serait, de plus, “ peu efficace ” car ce sont les médecins qui prescrivent ces médicaments. Mieux vaut davantage informer les médecins et ne pas pénaliser les patients qui renoncent déjà à certains soins faute d'argent. Et ils sont de plus en plus nombreux : de 10 à 13 % selon différentes études de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES) et du CREDOC (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie). Le principe d'égalité d'accès aux soins doit être respecté. La CFTC y veillera.