Points de vue sur l'actualitéRemontage de bretellesSans la crise, révélatrice d'un certain nombre de dérives, on aurait pu continuer à dilapider l'argent de l'Etat comme si de rien n'était. Qu'un ministre paye ses dépenses personnelles sur ses propres deniers, quoi de plus normal ? Et bien non ! à en croire certaines informations révélées par la presse depuis un mois ce n'est pas si simple : tel ministre ferait payer son addiction au cigare de La Havane par le contribuable, tel autre logerait toute sa famille au frais de l'Etat. D'où la lettre adressée le 28 juin par le président de la République à son Premier ministre, et à travers lui à l'ensemble de son gouvernement, pour les obliger à corriger le tir, non pas parce que c'est moralement injustifiable, mais parce qu'il faut faire des économies. Sans la crise, révélatrice d'un certain nombre de dérives, on aurait pu continuer à dilapider l'argent de l'Etat comme si de rien n'était. Le monde de l'entreprise n'est pas plus vertueux. Stocks-options, retraites-chapeau, parachutes dorés : ces dispositifs mis en place par les dirigeants et les actionnaires pour accaparer à leur profit une part de plus en plus grande de la richesse produite au détriment des salaires et de l'investissement ne sont pas plus justifiables que les indemnités accordées à des anciens ministres en dédommagement de missions dont l'utilité sociale reste souvent à démontrer. Dans le même temps, on met en place une politique d'austérité qui obligera les plus démunis à se serrer la ceinture. Une injustice d'autant plus criante que l'émergence d'une société duale, que nous redoutions il y a peu, est devenue une réalité : au cours des dix dernières années, les 0,1% des salariés les mieux rémunérés ont vu leur salaire mensuel brut progresser de quelque 20 000 euros, tandis que pour les 60% de salariés les moins bien payés, le gain n'a pas dépassé les 130 euros. Tous ces exemples montrent que la crise, avant d'être économique et financière, est d'abord morale ! Le G20 de Vancouver devait offrir l'occasion de moraliser le capitalisme et de mettre en place la nécessaire solidarité internationale sans laquelle il sera impossible de sortir de la crise par le haut. On ne peut que regretter son échec dû à l'aveuglement idéologique des uns et à l'égoïsme des autres. |