Points de vue sur l'actualitéLes stagiaires condamnés à la précaritéIls sont impatients de cotiser pour leur retraite. Qui ? Les stagiaires. Ceux qui travaillent, mais ne payent aucune contribution sociale, lorsqu’ils ne perçoivent pas plus que la gratification mensuelle de 417,09 euros – obligatoire pour un stage d’au moins deux mois. Il faudrait avoir perçu 1 772 euros brut en trois mois pour pouvoir valider un trimestre*. Les annonces relevant l’âge de la retraite à 62 ans ne sont pas faites pour les rassurer, puisque bon nombre d’entre eux décrochent leur premier contrat de travail à 30 ans. C’est à 67 ans, ou plus, qu’ils pourront souffler. Certaines entreprises, et pas des moindres, préfèrent les stagiaires à des recrutements et aux contraintes des contrats de travail. Ce serait le cas de 100 000 stages. Avec 1,2 million de stagiaires en 2008 (en augmentation de 50 % par apport à 2005), les entreprises participent activement aux difficultés d’insertion des sortants de l’école. Alors que le chômage repart à la hausse (+0,8 % en catégorie A au mois de mai), les jeunes accumulent les stages pour ne pas ruiner leurs compétences, en pratiquant les inscriptions “ bidon ” pour décrocher les précieuses conventions de stage. Pour cadrer ces pratiques, le décret sur l’interdiction des stages hors-cursus scolaire se fait toujours attendre. Le projet de texte a essuyé un avis défavorable par la quasi-totalité des membres du Conseil national de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (CNESER) le 21 juin dernier, au motif que les exonérations le rendaient trop permissif. Le gouvernement peut ignorer cet avis consultatif. Au risque de précariser la jeunesse pour longtemps et de perdre autant de revenus pour alimenter le régime des retraites. |