Points de vue sur l'actualité

Une comm’ trop bien faite

Seule une forte mobilisation, le 24 juin, pourra faire plier le gouvernement.

C’est bien connu, le diable est dans les détails. Le projet de loi que le ministère du Travail a transmis aux partenaires sociaux le 15 juin est structuré comme ces publicités dans lesquelles l’essentiel est écrit en tout petit dans une note de bas de page. Le reste n’a pour seul objectif que d’attirer le client dans un piège. Dans ce texte figure bien, comme le relève la presse, que l’âge légal de départ à la retraite passera à 62 ans en 2018. Mais une lecture attentive révèle que c’est dès 2016 que cet âge légal sera repoussé de 60 à 62 ans. Un salarié né en 1956, qui aurait pu avant la réforme partir à la retraite à 60 ans en 2016 devra continuer de travailler deux longues années encore avant de pouvoir prétendre à un repos bien mérité. Ce projet de réforme démontre que nous sommes gouvernés par des communicants qui présentent leurs mesures sous le masque de l’évidence et du bon sens. En réalité, le gouvernement a choisi son camp : celui du capital, des marchés plutôt que celui des plus pauvres et des classes moyennes, des salariés du privé et des agents du public. Il n’est pas sûr, d’ailleurs, que les entreprises trouvent leur compte dans cette réforme. D’abord parce que, faute d’avoir su la faire accepter, elles devront affronter l’usure et la démotivation de leurs employés. Ensuite, parce que le Medef a fondé sa communication sur le fait que le report de l’âge légal de départ à la retraite favorisera l’embauche des seniors : nous les jugerons aux actes. Enfin, parce que cette réforme ne s’attaque pas aux véritables causes des déficits du régime de retraite : la faiblesse des salaires et l’emploi précaire, conséquences d’un système qui privilégie la rentabilité de court terme. Ce projet de loi injuste, nous devons le combattre. Seule une forte mobilisation, le 24 juin, pourra faire plier le gouvernement. Si la riposte est insuffisante, la réforme pourrait bien être le premier acte d’une politique d’austérité qui sera difficilement supportable pour les travailleurs et leur famille.