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Retraites : la réforme, du côté des seniors

Sur le “ dossier ” des seniors, le gouvernement manie mieux la carotte que le bâton avec les entreprises. Avec 38,9 % des 55-64 ans en emploi fin 2009, la France n’a pas de quoi être fière face aux 46 % de la moyenne de ses homologues européens. Il faut dire que les entreprises persistent à se séparer et à ne pas recruter de seniors. Ce qui fait autant de cotisations retraite en moins. Pour quel motif ? Ils “ coûtent encore trop cher ” selon Laurent WAUQUIEZ, secrétaire d’État chargé de l’Emploi, dans un entretien accordé au Parisien le 1er juin. En déplacement sur ce thème, le 10 juin, Éric WOERTH, ministre du Travail, a également reconnu qu’il y avait “ encore des progrès à faire ”. Qu’à cela ne tienne : pour encourager les entreprises à franchir le pas, il pense dispenser de charges sociales celles qui en embaucheraient. Et pour les inciter à garder leurs seniors en place, une prise en charge partielle de la rémunération des tuteurs serait financée grâce aux fonds de la formation professionnelle. Mais Laurence PARISOT semble faire la fine bouche : “ Ce n’est pas le moment d’imaginer des dépenses publiques nouvelles ” a-t-elle fait remarquer le 15 juin. Déjà, la loi en vigueur ne leur mettait pas une pression insoutenable. Si, à ce jour, 163 entreprises de plus de 300 salariés ont renoncé à négocier un accord ou à mettre en place un plan senior, s’acquittant ainsi d’une pénalité de 1 % de leur masse salariale, 31 000 autres s’y sont soumises et 81 branches ont négocié des accords peu contraignants puisqu’ils n’obligent à aucun résultat concret. Le gouvernement ne tarit pas d’idées pour soulager les entreprises mais peine à trouver des leviers efficaces pour les mettre en face de leurs responsabilités. L’efficacité de ces accords reste à démontrer : le nombre de demandeurs d’emploi seniors est reparti à la hausse en mai (+ 0,8 %).