Points de vue sur l'actualité

Crise grecque : mêmes erreurs, mêmes effets

Il est regrettable de voir nos gouvernements répéter, avec autant de naïveté, l’erreur commise lors de la crise des subprimes.

Certes, le pire n’est jamais sûr, mais de plus en plus nombreuses, des voix s’élèvent pour annoncer, qui, la sortie de la Grèce de la zone euro, qui, la chute de la monnaie unique, qui, sa fin prochaine. Sans sombrer dans le catastrophisme, il faut reconnaître que les autres pays de la zone euro et les institutions européennes ont tardé à réagir ouvrant ainsi une brèche dans laquelle les spéculateurs n’ont pas hésité à s’engouffrer. Enfin lorsqu’on s’est décidé à réagir, le 2 mai dernier, l’objectif était moins d’éviter une crise de l’euro que de sauver les banques dont les bilans sont bourrés d’emprunts d’État grecs. Bis repetita placent. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’issue de cette nouvelle crise, mais je trouve tout de même regrettable de voir nos gouvernements répéter, avec autant de naïveté, l’erreur commise lors de la crise des subprimes. En 2008, le gouvernement a décidé de sauver le système bancaire d’une faillite imminente à condition qu’il renoue avec sa mission première : le financement de l’économie. En vain : ménages et entreprises peinent à obtenir les crédits. Les banques qui détiennent de la dette grecque commencent, en effet, à s’en débarrasser, alors qu’elles s’étaient engagées à la conserver. Il est tout aussi inadmissible de voir le gouvernement français rassurer l’opinion publique en prétendant que l’emprunt qui sera accordé à la Grèce lui rapportera. On aurait tort d’accuser la Grèce et le laxisme dont ont fait preuve ses gouvernements successifs de tous les maux de notre monnaie. La crise que traverse l’euro n’était-elle inscrite en fait dans les conditions qui ont présidé à sa création ? N’a-t-on a pas, alors, mis la charrue avant les bœufs et créé une union monétaire sans instaurer de gouvernance économique européenne alors que les économies et les sociétés européennes étaient trop dissemblables ? On en paie aujourd’hui les conséquences.