Points de vue sur l'actualité

Les mesures en faveur de l'alternance des jeunes vues par Gilbert GUNUBU - Délégué syndical -SNEPL-CFTC

Lors du Sommet social du 10 mai, les aides conjoncturelles concernant l’alternance des jeunes ont été reconduites. Un développement accru de l'alternance pour les 15-25 ans est envisagé et une réforme serait même prévue. Qu’en pensez-vous ?

Gilbert GUNUBU, délégué syndical, syndicat national d'enseignement privé laïque (SNEPL-CFTC):

« C’est une très bonne chose que ces mesures en faveur de l'alternance soient reconduites.

La France ne s’intéresse pas assez à ses jeunes contrairement aux pays nordiques par exemple, comme le Danemark ou la Norvège. Je travaille dans une structure scolaire et éducative, le Foyer de Cachan dans le Val-de-Marne.

Des formations en alternance existent déjà et proposent des allers-retours entre l’école et l’entreprise. L’alternance doit toutefois rester un choix pour ces jeunes. Cette voie ne peut leur être imposée. Par expérience, la jeunesse n’apprécie pas qu’on lui impose les choses… C’est pourquoi il est important – d’abord – d’expliquer à ces jeunes quels en sont les avantages. Après avoir quitté le système scolaire ils comprennent que cette nouvelle chance est à saisir. L'internat d'excellence est plutôt une bonne option pour aider ces jeunes ayant des difficultés scolaires ou de vie familiale à mieux rebondir. Le Foyer de Cachan a d’ailleurs été choisi par le rectorat de Créteil comme deuxième internat d’excellence, après Sourdun. La CFTC travaille sur ces questions qui concernent aussi bien l’emploi, l’insertion, que le logement.

Dans le cadre de sa prochaine Université d’été, fin août, la Confédération a d’ailleurs mis en place un groupe de réflexion. Ce groupe est composé de jeunes militants CFTC dont je fais partie. C’est une excellente initiative et une belle preuve de confiance. Son président Jacques Voisin et Claude Raoul [membre du bureau confédéral en charge de la jeunesse] sont à l’écoute de nos propositions, qui seront ensuite débattues pendant l’Université.

Tâchons maintenant de trouver des solutions aux problèmes auxquels les jeunes sont confrontés tout au long de leur parcours… y compris jusqu’à la retraite ! Pour les jeunes qui ne trouvent pas leur place sur le marché du travail, difficile de se projeter jusque-là, même s’ils s’interrogent. Il faut pourtant leur expliquer pourquoi c’est important. Même si ce n’est pas leur souci premier. Je travaille depuis vingt-deux ans en tant qu’éducateur auprès de jeunes qui ont entre 15 et 18 ans. Leurs problèmes ont d’ailleurs évolué. Le contexte, il est vrai, n’est pas le même et la précarité grandit.

Aujourd’hui nous accueillons des enfants "déchirés" qui ne sont pas des orphelins mais issues de familles monoparentales ou de parents en difficulté, sans emploi. Pas étonnant que ces jeunes qui ont pourtant la volonté de travailler, soient en même temps un peu perdus… Ils ont besoin d’être accompagnés pour bien commencer leur vie d’adulte. Trouver une formation, un travail et un logement est un bon début. »