Points de vue sur l'actualité

Le social, parent pauvre de la politique gouvernementale

Alors que la situation sur le front de l’emploi continue de se dégrader, que l’inflation connaît une nouvelle poussée de fièvre, que le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ne cesse de croître, que la consommation – unique moteur de la croissance économique dans notre pays – stagne, le social demeure, bizarrement, le parent pauvre de la politique gouvernementale. Et ce n’est pas le sommet dit « social » du 10 mai, au cours duquel les partenaires sociaux ont assisté à une apologie des mesures prises par le gouvernement pour endiguer la crise financière, qui viendra démentir ce constat. Partant de là, la CFTC a décidé de s’associer à la journée de mobilisation intersyndicale du 27 mai dernier.

Il ne s’agit pas d’un changement de stratégie, mais de la suite logique du positionnement que nous avions adopté dès la rentrée de septembre 2009. Tant qu’il y avait « du grain à moudre », nous n’avions aucune raison d’appeler à la mobilisation. Avec la politique de rigueur qui se met progressivement en place, le gouvernement témoigne de son refus de remédier aux conséquences sociales de la crise. Lorsqu’il s’agit de trouver des fonds pour sauver les banques de la catastrophe, on sait en trouver ; en revanche, lorsqu’il s’agit de financer des mesures sociales, on nous rétorque que les caisses sont vides.

Le mot d’ordre de la CFTC pour le 27 mai sera donc la lutte contre la paupérisation de la société française, une répartition des richesses plus juste et un renforcement de la solidarité. Il ne s’agit donc pas de mobiliser contre la réforme des retraites, mais de replacer cette réforme dans un contexte beaucoup plus global de délitement du lien social dans lequel elle s’inscrit. Enfin, il est important que nous soyons nombreux à nous mobiliser ce jour-là, d’abord pour faire entendre notre différence, ensuite pour montrer aux salariés dans les entreprises et aux agents de l’État que nous sommes à leur écoute.