Points de vue sur l'actualité

Les effets de la crise au cœur des régions

Le pire de la crise serait derrière nous ? Un petit tour de France permet d’en constater les ravages. Et de rabattre le caquet aux prêcheurs de fausses vérités.

Une étude de l’INSEE révèle(1) qu’elle a coûté plus de 5% de leurs emplois aux régions du Nord-Est (Franche-Comté, Lorraine, Picardie, Champagne-Ardenne et Bourgogne) entre le début 2008 et la fin 2009.

Ces régions les plus touchées sont rejointes par d’autres, autrefois dynamiques. La région Poitou-Charentes, Rhône-Alpes, la Bretagne et les Pays de la Loire ont vu fondre entre 3,4 % et 5 % de leurs emplois dans la même période, au-dessus de la moyenne nationale de 3,6 %.

Sans surprise, ce sont les régions industrielles qui paient le plus lourd tribut à la récession. Des départements peu touchés jusqu’alors comme l'Ain, la Vendée, le Jura ou la Haute-Savoie ont perdu 12% de leurs emplois industriels dans la période.

Au total ce sont 600 000 emplois du secteur marchand qui ont été perdus en France « dont 240 000 emplois dans l’industrie (hors intérim) et 180 000 emplois intérimaires ».

Parmi ces emplois intérimaires perdus, « 63 % se situaient dans l’industrie » précise l’étude.

La méthode Coué qui consiste à brandir « l’embellie » de l’intérim comme un signe avant-coureur de la reprise a ses limites. Certes le travail temporaire a repris des couleurs. Pôle emploi a annoncé une hausse de 3,7 % du nombre d’intérimaires en un mois (chiffres de mars 2010).

Mais ce sursaut fait suite à une baisse constante depuis le printemps 2008. Et, selon le syndicat des employeurs du travail temporaire Prisme, cette vigueur ne ferait que masquer le repli de l’emploi salarié, qui, sans cet apport, aurait reculé de 40 000 postes supplémentaires.

(1) Conséquences de la crise sur l’emploi dans les régions, Insee Première n°1295, mai 2010.