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Retraites : répondre par le haut aux défis

La réforme des retraites devait être l’occasion de répondre durablement à la question du financement du système par répartition. On peut d’ores et déjà dire qu’il n’en sera rien. Pour y parvenir, il aurait fallu aboutir à un diagnostic partagé permettant de déboucher sur des mesures consensuelles. Or, le gouvernement s’arc-boute sur l’allongement de la durée de cotisation et le report de l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ou 63 ans. Une telle mesure aurait, en effet, un impact positif sur la situation financière des régimes de retraites, mais des conséquences négatives sur l’assurance chômage. Sans compter que nombre de chômeurs seniors risqueraient, alors, de basculer dans la pauvreté en attendant de pouvoir toucher leur retraite.

La première question à poser est celle du partage de la richesse en trois tiers : si le tiers qui doit légitimement revenir aux travailleurs leur revenait effectivement, le problème de nos retraites serait au moins partiellement résolu.

Le gouvernement refuse d’entendre les propositions alternatives qui sont pourtant nombreuses. Passons sur la baisse des pensions et l’augmentation des cotisations, écartées à juste titre, pour nous attarder sur des solutions qualitatives. L’avenir de la retraite par répartition passe inévitablement par l’emploi. Des négociations doivent donc s’engager entre les syndicats et le patronat pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et le maintien dans l’emploi des seniors ; pour réfléchir au déroulement de carrière des salariés quel que soit leur âge ; pour améliorer les conditions de travail ; pour tenir compte de la pénibilité ; pour étudier les conditions d’exercice d’une activité professionnelle postérieure à la mise en retraite ; pour progresser vers le portage intégral des droits acquis par les travailleurs, d’une entreprise à une autre.

La question du report de l’âge de la retraite deviendrait alors peut-être sans objet… et notre projet de Statut du travailleur se révélerait être du même coup une alternative crédible, sinon l’unique solution pour répondre par le haut aux défis qui se présentent à nous et construire une « société solidaire » dans laquelle chacun contribue, par son travail, à son propre épanouissement et à l’enrichissement collectif.