Points de vue sur l'actualité

Les TMS dans la mire du ministère

Après que le gouvernement se soit d’abord attaqué au coût des accidents du travail en fiscalisant les indemnités – comme s’il s’agissait d’un salaire ! – voilà que le ministre du Travail, Éric Woerth, veut à présent compresser les coûts de certaines maladies professionnelles les plus courantes et coûteuses, les TMS ou troubles musculo-squelettiques. Ces derniers sont en explosion avec une augmentation de 20% par année depuis dix ans, selon l'Assurance-maladie et l'Institut de veille sanitaire (INVS). Cette chasse aux TMS – qui représentent les trois quarts des maladies professionnelles prises en charge par l’Assurance maladie – passera par une campagne de communication (media et Internet www.travaillermieux. gouv.fr) qui sera lancée à partir du 19 avril prochain et se poursuivra jusque fin juin – la troisième du genre après celle initiée en 2008, puis 2009. Le coût de cette campagne visant à inciter à la prévention n’est pas connu mais en revanche celui des TMS est affolant. Selon les données de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), un total de 8,4 millions de journées de travail sont perdues chaque année. Ces troubles (syndrome du canal carpien, tendinites de l'épaule, du coude…) due à une usure physique liée à des gestes répétitifs, à des cadences élevées, à des charges lourdes, ou encore des vibrations génèrent à eux seuls 847 millions d’euros de frais par an. Tous les secteurs d'activité sont touchés, mais plus particulièrement l'agroalimentaire, le commerce, le BTP et les services à la personne. Et encore, ces chiffres ne donnent qu’une vision partielle car ils ne prennent en compte que les maladies reconnues. Il faut donc y ajouter les TMS non indemnisés par les CPAM ou non déclarés par les salariés. Enfin, un TMS induit très souvent pour les victimes une gêne dans la vie de tous les jours, là aussi difficilement mesurable par des statistiques mais aux conséquences réelles pour les salariés (pouvant aller jusqu’à l’inaptitude). Le ministre vise d’ici quatre ou cinq ans et la stabilisation du nombre de TMS. Enjeu économique et social majeur, la prévention des risques de TMS est l’une des principales cibles du deuxième Plan santé au travail (2010-2014). Le réseau ANACT/ARACT consacrera sa semaine de la qualité de vie au travail en juin prochain à ce trouble. >> Retrouvez sur www.cftc.fr (espace adhérent) les outils CFTC (fiche et quizz sur les TMS), des exemples d’actions de prévention par la CNAM-TS et l’ANACT.