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Seniors poussés à la retraite : le paradoxe de Xavier DARCOS

Le ministre du Travail, Xavier DARCOS a (enfin !) reconnu, le 21 février 2010 lors d’une interview télévisée, qu’en France le taux “ d’emploi des séniors est très inférieur à celui des pays européens, et donc qu’il est très difficile de proposer une réforme des retraites qui prolonge le temps de travail”. Le paradoxe soulevé par le ministre reflète une réalité. La prolongation de la durée d’activité et de cotisation, option que privilégie le gouvernement dans le cadre de la réforme des retraites, est bel et bien liée à l’emploi. Or s’agissant des séniors, le taux d’emploi en France est à peine de 38% pour les 55-64 ans, et de 56% chez les actifs de 55 à 58 ans. L’une des pistes avancée par le ministre pour freiner cette tendance consisterait à introduire une loi interdisant le recours détourné aux PSE (Plans de sauvegarde de l'emploi) qui font partir prématurément les séniors hors de l’entreprise. L’intention est louable. Mais, fait surprenant, les déclarations du ministre du Travail semblent arriver bien tard. Depuis plusieurs semaines la CFTC a rappelé le lien évident entre l’emploi et le besoin de ressources pour nos retraites. D’ailleurs, le Conseil confédéral qui s’est tenu le 17 février a inscrit cette priorité dans les propositions CFTC pour la réforme des retraites. La Confédération insiste sur “ la priorité d’une mobilisation pour l’emploi en recherchant les solutions les plus adaptées face au développement du chômage, de la précarité et de la pauvreté. La solution qui consiste à augmenter le nombre des cotisants est trop souvent ignorée, alors qu’elle est un des moyens principaux d’augmenter les recettes de la protection sociale ”. La CFTC rappelle aussi l’enjeu du dossier “ pénibilité ”, de même que la primauté d’un départ à la retraite personnalisé selon les souhaits de chacun.