Points de vue sur l'actualitéLe Salaire minimum a 60 ans : un SMIC indigne et pervertiLe 11 février 1950, il y a donc 60 ans, le salaire minimum interprofessionnel garanti - SMIG - était instauré pour permettre aux familles de vivre dignement. C'était une petite révolution et un espoir pour “ les plus bas salaires ” d'aspirer à vivre dignement. Aujourd'hui on en est loin. Comment parler de dignité avec 1055,42 € par mois ? Alors qu'à la fin des années 1960, 2% de la population était concerné par le salaire minimum, aujourd'hui c'est 10% des salariés qui perçoivent le SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) qui a remplacé le Smig en 1970. La France fait partie des pays européens qui comptent le plus de smicards. S'il a permis de fortement réduire les inégalités jusqu'aux années 1980, pour Yannick L'Horty, économiste au Centre d'études de l'emploi, les écarts apparaissent à nouveau avec le développement de la participation et de l'intéressement des salariés aux résultats de l'entreprise. Le SMIC n'a pas d'action sur la pauvreté souligne-t-il et la hausse du temps partiel en a “ perverti les effets positifs ” (peu de travail, peu de salaire, et ce quel que soit le montant du Smic). Pour Joseph Thouvenel, Secrétaire général adjoint de la CFTC, les pouvoirs publics, loin de la réalité des salariés et s'appuyant sur des statistiques tronquées (ex. la sous évaluation du coût du logement dans les indices) ont trahi l'idée des initiateurs du Smig. Il devient urgent et indispensable d'augmenter fortement le salaire minimum pour qu'il redevienne un salaire permettant à une famille de vivre dignement. Autre méthode, autre dévoiement : de plus en plus nombreux sont les salariés qui perçoivent une rémunération fixe en dessous du Smic, notamment dans le commerce. La CFTC dénonce l'existence de ces rémunérations mensuelles de 700 ou 800 euros, complétés par des primes. Les salariés en arrivent alors parfois à travailler le soir ou le dimanche sur demande de leur employeur pour compenser leur faible salaire. |