Points de vue sur l'actualité

Fini les listes, pas le stress

Xavier Darcos avait prévenu. Il épinglerait les entreprises de plus de 1 000 salariés qui n'entameraient pas les négociations sur le stress au travail dans les délais. Mais le mal lui en a pris d'être passé aux actes. Pour accélérer les négociations dans les entreprises, le ministre du Travail a eu la naïveté de croire qu'un simple coup de sifflet suffirait à mettre les entreprises au pas avant le 1er février 2010. Mais quand le patronat décide de freiner, il ne le fait pas à moitié. En témoigne dernièrement son attitude dans la négociation nationale interprofessionnelle sur le harcèlement et la violence au travail. Le MEDEF a d'abord eu du mal à engager les discussions et aujourd'hui, il les fait piétiner. Le ministre est pourtant passé de la parole aux actes et s'est appuyé sur la méthode anglo-saxonne appelée “ name and shame ” (que l'on peut traduire par “ nommer et dénoncer ”) pour contraindre les entreprises – sous la pression de l'opinion publique – à évoluer vers de meilleures pratiques. Le 18 février, Xavier Darcos rend donc public sur www.travailler.mieux.gouv.fr une liste sur l'état d'avancement de la prévention du stress dans 1 500 entreprises de plus de 1 000 salariés. Avec trois couleurs : vert pour les bons élèves, rouge pour les mauvais et orange pour les entreprises engagées sur la bonne voie. Pour sauver leur “ réputation”, les entreprises feront peut être l'effort nécessaire. Et c'est ce qu'elles ont fait, mais pas dans le sens escompté. Certaines entreprises se plaignent d'avoir été prises au dépourvu, n'ayant pas été informées de l'impact de leurs réponses au questionnaire ministériel. Les autres remettent en cause leurs déclarations jugeant qu'elles ont été mal interprétées et que leur classement à l'arrivée ne correspond pas à la réalité des actions menées. Et c'est le fiasco. Quelques jours plus tard, les listes “ rouge” et “orange” sont retirées. Morale de l'histoire : il est toujours plus facile de faire disparaître les listes des mauvais élèves que le stress au travail.