Points de vue sur l'actualitéProfits des entreprises : agir aussi - en amont - sur les décisionsLors du sommet social du 15 février 2010, Nicolas Sarkozy a donné jusqu'à la fin mai aux partenaires sociaux pour boucler les négociations sur le partage du profit en trois tiers : les salariés, les actionnaires et l'investissement. Une demande que la président de la République avait déjà formulée à plusieurs reprises en 2008 et 2009, mais à laquelle le patronat, farouchement opposé à cette règle, n'avait pas souhaité donné suite, si ce n'est en noyant le sujet dans une négociation fourre-tout qui intègre les institutions représentatives du personnel (IRP), le parcours professionnel des militants syndicaux et… le partage du profit. C'est bien du partage du profit dont il est question. Une confusion est, en effet, souvent faite entre valeur ajoutée et profit. Pour faire simple, la valeur ajoutée est, d'abord répartie entre salaires et profits, lequel fait l'objet d'une nouvelle distribution en trois tiers le plus souvent inégaux. Les chiffres montrent que depuis 1983, la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé de 10%, et que la répartition des profits est plus favorable aux actionnaires qu'aux salariés et à l'investissement. D'où une baisse du pouvoir d'achat des ménages, une disparition progressive de l'emploi industriel, une progression du déficit du commerce extérieur, une protection sociale dans le rouge. On comprend mieux pourquoi le patronat refuse d'ouvrir des négociations. Et encore, il ne s'agit là que de la face immergée de l'iceberg, car comme le précise Gabrielle Simon, “ pour la CFTC, le partage du profit qui ne doit pas se substituer à la politique salariale, va de paire avec la participation des salariés aux orientations stratégiques de l'entreprise. Il est hors de question de séparer ces deux approches complémentaires ”. Et la vice-présidente confédérale poursuit : “ Pas question, non plus, de limiter la négociation à une simple information aux salariés, comme le souhaite le MEDEF. Les salariés doivent pouvoir faire entendre leurs préoccupations au sein des instances de décision des entreprises et, pour ce faire, siéger au conseil d'administration ou de surveillance ”. |