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Fonction publique : vers la mobilité contrainte

C’est une attaque contre le statut des fonctionnaires – gage de leur neutralité et leur garantie d’emploi – qui est contenue dans le projet de décret sur la “ réorientation professionnelle des fonctionnaires ”. C’est aussi la porte ouverte aux licenciements déguisés. Le décret soumis au Conseil supérieur de la Fonction publique, ce jeudi 11 février, concerne plus de deux millions de fonctionnaires de l’État. “Les garanties de ce décret sont insuffisantes pour garantir quoi que ce soit. Parler de mobilités qui tiennent compte du lieu de résidence ou de la situation familiale est trop vague ”, dénonce le secrétaire général de la Fédération des agents de l’État (FAE-CFTC), Denis LEFEBVRE. “Cette attaque contre notre statut touche à notre neutralité et à l’égalité de traitement de tous les citoyens, fustige-t-il. Le licenciement pour "insuffisance professionnelle" existe dans l’actuel statut, mais cette mesure concerne des cas extrêmes ”. Depuis la mise en place de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), en 2007, le train des restructurations et le non remplacement de la moitié des départs à la retraite ont déjà fait perdre 100 000 emplois à la Fonction publique. Et le projet actuel s’inscrit dans cette volonté de sabrer dans les effectifs de l’État. “Nous sommes déjà dans une vague de mesures désordonnées, noyés dans les milliers de réformes de la RGPP. Ce décret nous inquiète véritablement”, alerte Denis LEFEBVRE. On veut bien le croire. Une fonction publique fragilisée deviendrait plus perméable aux aléas politiques, au détriment de sa vocation première, offrir un service public de qualité à tous les citoyens.