Points de vue sur l'actualité

Service Public de l'Emploi : salut public

Éric Woerth vient d'annoncer que le gouvernement comptait étendre sa politique d'économies (réduction d'effectifs de 1,5% par an, 1 milliard d'euros d'économies d'ici 3 ou 4 ans) à tous les organismes publics – Pôle emploi compris – alors que l'institution doit faire face à une montée du chômage exponentielle, et que certains agents découragés par l'ampleur de la tâche, tentent de mettre fin à leurs jours. Alors que la fusion des Assedic et de l'ANPE était destinée à créer, il y a déjà un an, un grand service de l'emploi performant, la situation n'a cessé depuis de se dégrader. Les salariés de Pôle Emploi subissent un stress fort en raison des difficiles conditions de travail et du manque criant de moyens pour réaliser leur mission d'accompagnement des demandeurs d'emploi de manière satisfaisante. Se sentant impuissants, leur découragement grandit d'autant plus face à l'accroissement continu du nombre de demandeurs d'emploi de longue durée (+ 31 % sur une année, contre 25% pour l'ensemble de la population des demandeurs d'emploi). La CFTC, qui ne cesse de réclamer des moyens humains supplémentaires à Pôle Emploi, attendait avec impatience de connaître enfin le nombre de recrutements prévus pour faire face à cette situation insupportable tant pour les usagers souvent désireux d'avoir un réel appui dans leurs démarches que pour les salariés Emploi rendus à tort responsables de cette situation. Face à cette situation, que peuvent faire les agents de Pôle Emploi qui parfois ont la charge de portefeuilles de près de 200 demandeurs d'emploi ? La situation se dégrade, certaines régions craignent désormais de ne pouvoir garantir la première étape qui est celle de l'indemnisation. Prochain enjeu à venir : l'accompagnement des demandeurs d'emploi si bien que l'on fait face à un risque grandissant d'explosion sociale. Le gouvernement ne peut décemment ignorer ces voyants qui s'allument ou se contenter de revaloriser le montant de l'Allocation spécifique de solidarité (ASS) de seulement 1,2% ! Une augmentation aussi dérisoire ne peut être efficace. Comment ne pas basculer dans la précarité lorsque l'on ne dispose que de 454 euros par mois ? La CFTC appelle, de nouveau, le gouvernement à réaliser enfin les recrutements nécessaires pour que Pôle Emploi puisse assurer correctement sa mission de service public de l'emploi et ce, notamment auprès des seniors. Premiers à être licenciés en cas de crise, derniers à être recrutés sur le marché de l'emploi, les seniors ne doivent pas être la génération sacrifiée, comme le sont aussi les jeunes. Il y a urgence, la CFTC ne demande pas aveuglément au gouvernement “ d'embaucher à tout crin ”, elle lui demande juste d'assurer normalement ses missions essentielles en ayant un regard responsable sur tous ces demandeurs d'emploi chaque jour plus nombreux à sombrer dans la très grande précarité.