Points de vue sur l'actualité

Sortir de sa léthargie

Le renforcement de sa dimension sociale, dans le nouveau cadre d'une économie sociale de marché, doit être la priorité de l'Europe.

Depuis le 1er décembre 2009, le traité de Lisbonne est entré en vigueur. L'avenir dira s'il sera aussi important dans l'histoire de l'Union européenne (UE) que les traités de Rome et de Maastricht. Toujours est-il que, après l'échec du traité “ constitutionnel ” rejeté en 2005 par les Français et les Hollandais, les Européens devaient trouver une solution pour permettre à l'Europe de sortir de sa léthargie, d'être plus visible sur le plan international et de mieux fonctionner. Dès que nous avons pris connaissance du texte du traité de Lisbonne en 2007, nous avons montré quels en étaient les points forts et les points faibles ; je n'y reviendrai donc pas. Mais j'insisterai sur trois points, qui intéressent plus particulièrement le monde du travail. D'abord, la charte des droits fondamentaux qui fonde l'UE sur “ les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d'égalité et de solidarité ”, est désormais mentionnée dans le traité et est rendue contraignante. Ensuite, la “ concurrence libre et non faussée ” n'est plus considérée comme une fin en soi, mais comme un moyen. Enfin, ce texte reconnaît le rôle des services d'intérêt général. Bien sûr, du chemin reste à parcourir. Le Royaume-Uni, l'Irlande et la Pologne bénéficient, en effet, d'une clause qui leur permet d'échapper au caractère contraignant de la charte des droits fondamentaux. Au sujet des services d'intérêt général, si le texte va dans la bonne direction, il n'en demeure pas moins qu'un véritable cadre réglementaire sur les services publics est nécessaire. On peut, enfin, déplorer qu'il n'existe pas de nouvelle compétence en matière énergétique, sociale, environnementale et de politique industrielle. Raison de plus pour poursuivre nos efforts afin de garantir une interprétation plus sociale, moins libérale et moins technocratique des dispositions du Traité. Le renforcement de la dimension sociale de l'Europe dans le nouveau cadre d'une économie sociale de marché doit être la priorité de la construction européenne. Avec la Confédération européenne des syndicats (CES), la CFTC demande que cette nouvelle perspective se traduise en actions concrètes afin de lutter contre la crise et le chômage.