Points de vue sur l'actualité

Égalité salariale hommes-femmes : assez de vœux pieux !

Depuis 1944, six lois se sont succédées en France sur la question de l'égalité professionnelle et salariale. En 2004, encouragé par le Gouvernement et soutenu par les partenaires sociaux, un label Égalité a même vu le jour. Il était censé favoriser les actions en faveur de l'égalité professionnelle mais n'est devenu qu'une belle idée sur le papier.

Un demi siècle plus tard, force est de constater que tout cet arsenal juridique pourtant conséquent n'a pas suffi à résorber les inégalités professionnelles et les écarts de rémunérations.

Aujourd'hui, comme il y a 50 ans, les femmes doivent se battre pour s'imposer dans la sphère professionnelle car non seulement le plafond de verre est bien présent, mais, dans bien des cas, il semble se transformer en acier.

Quelques chiffres suffisent à révéler tout l'enjeu de la situation : 31% des femmes sont en situation de précarité (contre 6% pour les hommes) et quand elles travaillent, leur rémunération est inférieure de 27% par rapport à celle des hommes, à travail égal, bien sûr!

Pour la CFTC, il semble affligeant de devoir parler de «bonus/malus» aux entreprises -donc de sanctions -pour faire appliquer une loi de la République sur l'égalité professionnelle !

La CFTC tient à alerter les pouvoirs publics sur le risque de déresponsabiliser certaines entreprises si le malus n'est pas suffisamment pénalisant financièrement. Les citoyens se voient-ils récompensés lorsqu'ils respectent la loi ?

Il est encore plus consternant de constater que la loi du 23 mars 2006 sur les inégalités de rémunération entre hommes et femmes qui prévoyait déjà cette possibilité, est restée lettre morte. Il est plus que temps que l'Etat impose au lieu de simplement préconiser l'égalité salariale dans les entreprises.

La CFTC a dénoncé à de multiples reprises la juxtaposition incohérente de textes, de négociations et de dispositifs qui nuisent à la lisibilité des actions et rendent difficile l'évaluation des engagements et des efforts fournis par les entreprises pour parvenir à cette égalité. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, si les règles en vigueur étaient claires, elles seraient bien évidemment plus facilement applicables par tous. La CFTC souhaiterait aller plus loin en imposant un affichage supplémentaire dans l'enceinte de l'entreprise concernant les règles applicables en matière d'égalité professionnelle.

S'agissant de la simplification des règles, la CFTC est tout à fait favorable à la fusion de la négociation sur la résorption des écarts de salaires avec celle sur l'égalité professionnelle. Elle suggère qu'il en soit de même pour les négociations Gestion Prévisionnelle de l'Emploi et des Compétences (GPEC) et l'égalité professionnelle.

Déjà, lors de la conférence «égalité salariale» initiée en novembre 2007 par le ministre du Travail de l'époque, Xavier Bertrand, la CFTC lui avait remis 38 propositions spécifiques pour combattre cette injustice faite aux femmes dans l'entreprise, propositions qui concernaient principalement:

  • la mise en place d'un plan de formation spécifique pour favoriser l'évolution professionnelle des femmes: la CFTC est convaincue que la formation professionnelle est une pièce maîtresse du dispositif qui doit permettre aux femmes de progresser au sein de l'entreprise ;
  • la diminution à tout prix du temps partiel subi, véritable poison social pour les femmes ;
  • la conciliation des temps de vie, avec notamment le repos dominical, un principe particulièrement cher à la CFTC ;
  • l'orientation professionnelle: ouvrir tous les métiers aux femmes.

La CFTC avait particulièrement mis en avant les difficultés les femmes en situation monoparentale, chaque jour un peu plus nombreuses à basculer dans la pauvreté comme le soulignait encore récemment le Secours Catholique.

La France se gargarise régulièrement d'être championne européenne en matière de natalité, mais elle a encore beaucoup de progrès à faire pour le devenir également en matière d'égalité professionnelle. En partant du 116ème rang mondial, les femmes françaises ne sont pas prêtes de rattraper leur retard. Certains ont crié à l'injustice et à la discrimination pour la majoration de trimestres pour la retraite des femmes, cette même révolte doit s'étendre à la question du salaire des femmes. Il est donc plus que temps de siffler la fin de la récréation et de mettre fin à toutes ses discriminations dont sont victimes les femmes au vu et au su de tous dans l'indifférence générale.

Arrêtons les belles paroles, du concret maintenant!