Points de vue sur l'actualité

La CFTC tique sur les mobiles du MEDEF

L'acte II de la négociation sur la gestion sociale des conséquences de la crise sur l'emploi se poursuit. Les discussions ont repris le 14 décembre sur la base d'un premier texte patronal sur les mobilités professionnelles. Dans ce document, le MEDEF jette les bases d'une (nouvelle) “ mobilité professionnelle individuelle sécurisée ”. Le salarié pourrait en prendre l'initiative – en accord bien sûr avec son employeur –, dès lors qu'il cumule au moins deux années d'ancienneté dans l'entreprise, et que le projet professionnel qu'il a mûri soit suffisamment “ abouti ”. La CFTC ne peut que se réjouir, sur le principe, qu'enfin le salarié puisse se projeter demain dans un parcours de mobilité choisie. Ce principe étant inscrit dans son Statut du travailleur. Ce nouveau type de mobilité professionnelle serait expérimenté pendant deux ans et pourrait concerner les salariés des entreprises de moins de 1 000 salariés – qui n'ont aujourd'hui pas accès au congé de mobilité existant. La CFTC est, toutefois, plus que sceptique sur certaines dispositions de l'accord de mobilité professionnelle conclu entre le salarié et son entreprise. Le MEDEF propose de rompre le contrat de travail dès le premier jour du départ en mobilité du salarié. S'affranchissant ainsi de la prise de risques liée à la mobilité qu'il reporte sur le salarié. L'employeur n'aurait, dans ce cas, pas d'obligation de réintégration du salarié à son retour de mobilité ou en cas d'échec de la mobilité. Le MEDEF se targue pourtant d'offrir une certaine sécurité au salarié, mais celle-ci n'est subordonnée qu'à quelques cas restrictifs. Autant dire qu'elle est plus que limitée pour le salarié. “ Dans une mobilité sécurisée, il n'y a pas de rupture du contrat de travail, mais sa suspension, comme dans le congé maternité ”, souligne Gabrielle Simon. Le salarié doit continuer à bénéficier de ses droits liés au contrat de travail et à l'ancienneté acquise (congés payés, prévoyance…). Le MEDEF cherche, une fois de plus, à faire gagner en flexibilité les entreprises, quitte à ce que les salariés soient lésés. Espérons qu'avant la prochaine séance qui a lieu le 12 février prochain, le groupe de travail ad hoc sur les pôles de mobilité apporte à ce dispositif original les aménagements nécessaires en vue de le généraliser. La CFTC, qui est à l'origine de la mise en place de ce nouveau groupe de travail, a toujours vanté les mérites du pôle de mobilité de Grenoble et a même accompagné l'évolution du projet.