Points de vue sur l'actualité

Thalès : faut-il en arriver là pour être écouté ?

Michèle, cadre à l'usine Thalès de Châteaubourg (Ille-et-Vilaine), s'est suicidée le 23 octobre 2009. Le déménagement du site prévu fin décembre, la pression devenue insupportable, les restructurations et nombreux licenciements... toutes les conditions étaient réunies et auraient dû appeler à davantage de vigilance. Depuis des mois, la CFTC, syndicat majoritaire du site, alertait la direction sur les conditions de travail, et un CHSCT extraordinaire s'est même tenu le 8 octobre sur le sujet. Mais la direction a tardé à prendre des mesures correctives. Le lendemain du drame, la CFTC a créé une cellule de crise pour protéger la famille et les salariés fragilisés. Elle a, dans la foulée, organisé une grève les 26 et 27 octobre, et présenté ses propositions à la direction du groupe, qui “a accepté quasiment tout ce que l'on réclamait, afin que ce drame permette à tous d'avancer, souligne Alain Desvignes, Délégué .Syndical Central CFTC du groupe Thalès. En signe de deuil, plus de 300 salariés ont fait une marche silencieuse à l'appel de la CFTC ”. Le déménagement a finalement été différé de quelques mois, le directeur de l'usine remplacé, une cellule de soutien psychologique et un dispositif d'alerte mis en place, l'organisation interne a été revue en profondeur (marquant la fin des objectifs inatteignables, et les ressources humaines ont été renforcées). Toutes ces mesures humaniseront peut-être – enfin – la gestion de l'entreprise. “ La CFTC a joué son rôle d'alerte, de soutien et de communication, et est même prête à se constituer partie civile pour pouvoir défendre les intérêts de la famille ”, ajoute Marc-Antoine Marcantoni, Délégué .Syndical Central CFTC Thalès.